Imagine
de vastes étendues désertiques, recouvertes ça et là de maigres végétations.
La
civilisation les a sans regret abandonné aux rares prédateurs qui les hantent
sans trop d'espoirs. Mais oublie-la, la plus proche de ses villes est encore
trop lointaine, quelque part vers le nord. Représente maintenant en ton esprit
un feu.
Pas de
ces incendies dévastateurs qui font fuir la faune grouillante des riches
contrées. Non, plutôt une flamme vacillante dans le crépuscule envahissant,
symbole de vie. Elle lutte contre les ténèbres qu'elle ne peut vaincre. Car
malgré la toute puissance de la nuit, elle brûlera jusqu'à l'aube Car là-bas un
camp d'homme se recroqueville pour la nuit. Vois les petites tentes de toile qui
entourent une autre, plus grande.
Dans
cet îlot dorment beaucoup d'hommes exclus de la société qui s'accroche quelque
part sur cette planète. Ils étaient des inutiles, des misérables vivotant à la
périphérie des grandes cités.
Mais
voilà tout à coup que survient le temps bénit où ils ont enfin un emploi.
Et
voilà pourquoi ces déchets sans importance d'une société hyper stable sont
réunis ici.
Dans la
grande tente centrale, près du feu, cinq hommes attendent les ordres de leur
chef. Maintenant, tu es prêt à suivre mon histoire, peut-être même à y
participer.
Zamir
observe attentivement ses compagnons. Vêtus de tuniques kakies, il les sait tous
aussi implacables que lui.
Tout
d'abord Aggard, chauve et borgne, il n'a pas toujours fait partie des chacals,
en son temps il fut le grand bourreau d'Atlantis, avant d'être chassé du palais
pour excès de Zèle.
Près de
lui, comme pour le surveiller, Umac le géant débonnaire. Il nous dépasse tous de
vingt bons centimètres. Sa barbe fournie vient se perdre dans sa longue
chevelure rousse désordonnée. Avec son torse puissant et ses muscles saillants,
il s'apparente plus à l'ours qu'à l'homme. Il n'a jamais pu trouver sa place au
milieu des doux esthètes de Giorph. Il a connu un temps la gloire en tant que
lutteur avant d'être banni, il était trop fort et trop irréfléchi. Il pense peu,
mais son amitié est sûre.
En
retrait, un jeune loup, Atthac, un fourbe dont il faudra me méfier, il a bien
trop d'ambition.
Et puis
son ami Lars, un vétéran comme lui.
Eux
deux avaient déjà souvent combattu sous les ordres de Warr. Umac également mais
plus tard.
Elle
était redoutée jadis la seule bande de pillards, redoutée avant d'être écrasée,
ses survivants condamnés à mort.
Mais
voilà, l'avènement d'une période trouble les avait sauvés de l'exécution, car
l'armée régulière ne suffisait plus à assurer l'ordre.
On
avait proposé à Warr de commander une armée de mercenaire. Pour le seconder, il
n'avait pas oublié ses anciens compagnons.
Et
voilà, pense Zamir, il y a maintenant une nouvelle bande, elle n'est plus la
seule et elle est désormais mandatée par les patriciens de Giorph.
Il
chasse soudain sa nostalgie car Warr entre.
C'est
un homme énergique. Quelques rides sur son front, sa blonde chevelure qui se
couvre d'argent annoncent que le chef approche de la cinquantaine. Mais
attention, ni sa forme ni son intelligence ne sont entamées. Zamir le respecte
profondément car il sait que seul un homme de sa trempe peut diriger les
lieutenants qui l'entourent.
Il les
scrute rapidement avant de commencer:
-Mes amis, les
affaires des patriciens ne s’améliorent pas, et c'est tant mieux pour nous. Les
esprits s'agitent et toutes les forces armées de volontaires nobles sont
nécessaires pour imposer l'ordre dans les villes. Les savants, avant de
disparaître mystérieusement ont répandu des histoires très alarmantes de fin du
monde, le genre d'absurdité qui ressurgit tous les millénaires. Mais là, c'est
plus grave. Cette lueur dans le ciel mène le peuple au bord de la panique.
Malgré
toute l'admiration qu'il porte à son chef, Zamir ne peut s'empêcher de se
laisser distraire à la seule évocation du phénomène céleste.
Une
étoile brillant même en plein jour. Partout dans la ville et dans le pays, les
patriciens avaient fait placarder des avis rassurant:
Ce
n'était qu'une novæ, soleil explosant à des centaines d'année-lumière de là.
Explication rationnelle mais peu efficace vu les prédictions des savants.
Il
s'ébroua mentalement pour prêter toute son attention à la suite du discours.
-..aucune de
ses forces. C'est à nous d'intervenir en pourchassant les groupes d'affolés qui
vont se réfugier sur les hauteurs. Notamment, une colonne très organisée malgré
les interdits d'atteindre la chaîne Andine à l'est de notre continent. C'est
notre objectif messieurs.
-Parler travail
c'est bien, mais que nous donnera-t-on en échange, je me fous des novæ, de
Giorph et des patriciens, seule la paye m'intéresse.
Aggard
vient de parler, et l'on sent dans sa voix toute sa haine pour ses anciens
maîtres.
-Les patriciens
ne nous donneront rien d'autre que leur bénédiction et leur pardon.
-Mais…
-Non,
laisse-moi terminer. Nous devons ramener cette fraction du peuple égarée dans
les villes où elle sera plus contrôlable, cependant en raison des circonstances
psychologiques particulières, il ne serait pas inutile de leur donner une leçon.
Nous sommes autorisés à nous servir sur eux, nous pourrons user d'eux comme bon
nous semblent avant de les ramener au bercail. Cela te satisfait-il, Aggard?
Le
chauve répond par un rire cruel.
Ils
sont des centaines, peut-être des milliers à errer dans le désert, et les pics
encore lointains qui se dressent fièrement à l'horizon semblent se moquer de
leur fatigue.
Ils
marchent, mornes et résignés, poussant devant eux la plate-forme antigrav qui
soutient leur maigre bagage, tout ce qu'ils ont de plus précieux au monde.
Les
plus faibles, surtout des enfants, sont montés dessus.
La
plupart des adultes doit servir de force motrice aux chariots, ls n'ont pas de
propulseurs.
*
-Ergol, va dire
à cette famille là-bas de ne pas trop s'écarter, il ne ferait pas bon se faire
surprendre dans un pareil désordre par l'armée.
-Bien, Arra,
heureusement que nous disposons de ces deux vedettes propulsées par réaction
pour coordonner un peu notre caravane. Le ciel en soit loué.
-Oui le ciel,
répond le chef des réfugiés d'une voix assombrie en levant la tête vers le point
de feu qui grossit de jour en jour.
Mais
Ergo préfère couper court en lançant brusquement son engin.
Ils ont
même peur d'en parler, songe avec amertume le vieux sage.
Il
lance un regard inquiet vers les collines derrière. leur laissera-t-on le
temps ?
Il se
secoue mentalement et c'est le visage impassible qu'il accueille Aggier, le
pilote du second engin qui vient de se porter à sa hauteur.
-Qu'as-tu à me
dire, demande-il au fougueux électronicien, tout excité par sa nouvelle charge
de commandant d'aéronef.
-Argos prétend
avoir été volé par Jugur! Il demande l'instauration immédiate d'un tribunal!
-dit-lui que
nous ne sommes pas à Atlantis, s'écrie avec colère le patriarche, s'il ralentit
notre groupe (La vedette d'Ergo est de retour et celui-ci écoute avec surprise
la réplique du vieux chef) pour ses sordides histoires, c'est sa peau qui lui
sera volée.
-Il m'a chargé
de te dire qu'en cas de refus, il refuserait de poursuivre sa route avec un
voleur.
-Eh bien qu'il
aille au diable, s'il tient à se faire prendre par Warr.
Ergo
tente timidement à cet instant de glisser ce qu'il a à dire:
-Ils ont perdu
un sac plein de souvenirs de famille et refusent de continuer s'ils…
-
Répond-leur de même, c'est la fin du monde! Ils n'ont pas l'air de s'en rendre
compte, je m'estimerais déjà heureux si nous survivons.
*
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*.
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*
*
*
Depuis
des jours nous suivons leur piste. Toujours rien. Et les Andines approchent.
Parviendront-ils à nous échapper?
Warr
est prêt à les pourchasser jusque dans la montagne s'il le faut. Car les hommes
exigent un butin. Malgré moi, je sens un malaise m'envahir quand je pense à ce
cercle de feu qui grossit dans le ciel.
Mais
peu d'entre nous s'en inquiètent, ils sont obnubilés par le futur pillage, et de
toutes façons, ils n’oseraient pas penser sans l'accord de Warr.
A
l'état major, c'est différent.
Warr ne
fait aucune allusion au phénomène, pour lui, cela ne regarde sans doute que les
riches. Aggard, lui est trop préoccupé par les vengeances qu'ilimagine. Umac,
pour sa part, ne connaît que les dangers immédiats, comme les combats.
Atthac
est complètement plongé dans ses intrigues.
Quant à
Lars, c'est un vrai soldat, moins il réfléchit, mieux il se porte, un vrai sage.
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La
dernière plaine. Arra se sent soulever par un espoir nouveau. Au loin les
premiers rochers au bas des contreforts.
Malgré
le salut tout proche, Arra presse ses compagnons. C'est alors une ruée
frénétique, anarchique à travers la plaine.
Il
commence ensuite à organiser sa caravane en de fines colonnes empruntant les
sentiers serpentant autour des rocs gigantesques.
Les
chemins se font plus rares, c'est bientôt une file unique mais prodigieusement
étirée qui gravit péniblement les pentes.
Arra,
malgré son grand age se multiplie, aidé par les deux plate-forme à réaction.
Mais la
route est difficile, et la montée pend rapidement la figure d'un calvaire.
Soudain, l'un des hommes laisse échapper son chariot qui dérive doucement. En
cherchant à le rattraper. Il perd l'équilibre et s'agrippe désespérément au bord
de l'engin qui bascule. Il roule sur une dizaine de mètres avant de se relever,
couvert d'écorchures.
"Un
accident qui sera mortel, s'il se répète, plus haut », ,pense le chef de la
caravane
Soudain, une grande clameur à l'arrière le fait se retourner. Et comme les
autres, il voit: à l'autre bout de la plaine les mercenaires.
-Ergo! Aggier!
Essayez de les retarder, nous n'avons pas assez d'avance.
Et
c'est la fuite tragique à travers la montagne. La panique des hommes rend encore
plus dangereux les pièges de la montagne.
*
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*
*
Soudain, nous les avons vu dans la montagne, tous proches. Warr jauge aussitôt
la situation.
-Hum, malgré le
caractère dérisoire de la force qu'ils représentent militairement, il ne sera
sans doute guère aisé de les déloger dans la montagne.
Il lève
ostensiblement les yeux vers le soleil, pour évaluer les heures de jour qu'il
reste avant la nuit.
Nous
cinq piaffions littéralement d'impatience, Va-t-il ordonner l'assaut ?
Nous
l'espérons tous, mais j'en doute.
-Il ne reste
plus assez de temps, surpris par la nuit, ils auraient beau jeu de nous tendre
des embuscades.
Puis il
s'adresse à ses hommes:
-Préparez le
campement! Nous reprendrons la poursuite au levé du jour!
Mais
Aggard le bourreau ne l'entend pas ainsi. Déçu, il se retourne vers son chef
pour s'écrier avec rage:
-Warr ne
serait-il plus qu'un couard tremblant de peur devant quelques centaines de
pouilleux?
Il
règne soudain dans la troupe un silence surnaturel, les anciens surtout sont
prit d'effrois, ils se souviennent de scènes semblables, des audacieux qui un
jour s'étaient eux aussi crû plus fort.
Warr
allait-il se jeter sur l'insolent, comme tant d'autres fois, dans un combat dont
l'issue ne fait aucun doute pour moi, malgré la puissance du "crane rasé".
Mais
non, Warr se contente de sourire, un rictus ironique pire que la promesse d'un
duel.
-Eh bien Aggard,
puisque tu sembles si fougueux, tu n'as qu'à attaquer, avec tous les crétins
sans cervelle qui accepteront de te suivre.
J'observe avec anxiété le visage du borgne. Va-t-il poursuivre sa folie et
défier le chef ?
Non, il
se contente de sauter sur I’occasion qui lui donnera prestige et influence s'il
gagne.
-Amis! Qui de
vous me suivra ?
Il y en
a bien plus que je ne l'aurais pensé. Plus de la moitié, des nouveaux ont
interprété la tolérance de Warr pour de la faiblesse.
Le
bourreau d'Atlantis se retourne vers nous.
-Et parmi vous?
Ce faux
jeton d'Atthac vient bien sûr se ranger derrière lui.
Lars ne
bronche pas, comme non concerné. Cela ne m'étonne pas, il est d'une fidélité à
toute épreuve. Moi aussi je reste, mais mes raisons sont plus nuancée, je
connais trop bien Warr,je le sais des plus intelligents, et je me méfie des
apparences. Umac parait très mal à l'aise, il nous regarde en se grattant la
tête.
Je suis
sûr qu'il choisira l'action, la stratégie n'est pas son fort.
Et
pourtant non, il reste, ce qui me surprend beaucoup: Aurait-il réfléchit?
-Comme vous
voudrez messieurs, Warr, il est bien entendu que si nous faisons le travail
seuls, vous n'aurez aucun droit sur le butin.
-Bien sûr,
Aggard, c'est évident, tache de ton coté de ne pas bousiller trop de vedettes,
les hommes, je m'en fous, ils ne valent pas grand chose puisqu'ils te suivent,
mais le matériel j'y tiens, j'en aurais besoin demain pour rattraper tes
erreurs.
-Tu peux
toujours te moquer, quand je reviendrais victorieux, j'en finirais avec toi et
tes pleutres. En avant ! A l'assaut !
Longtemps, nous les avons regardé courir pour les uns, voler pour les autres à
travers l'ultime plaine, vers la montagne.
Comme
si rien ne s'était passé, Warr se tourne vers les hommes, le visage
impénétrable.
- Je
vous ai ordonné de monter le camp, alors, qu'attendez-vous ? Je ne le répèterai
pas trois fois! Exécution.
*
*
*
*
*
-Ergal Aggier!
Abritez-vous de toute urgence! Vos machines sont trop précieuses. Que tous les
hommes choisissent leur poste. Tirez pour tenir à distance les soucoupes
antigravs ennemies
-Mais Arra,
leurs desintégrateurs sont bien plus puissants que les nôtres.
-Sans cesse en
mouvement, leurs tirs resteront imprécis, si vous êtes bien camouflés, vous ne
risquez rien. Que les femmes et les enfants tentent de poursuivre leur
progression, mais en restant sous la protection des rochers. Que chacun fasse au
mieux, je n'aurais peut-être pas le temps de donner d'autres instructions
-Restez passifs
et attendez les ordres ! Vous vous feriez descendre en moins de trente secondes.
Attention les voilà !
Trop
vieux pour combattre, Arra observe avec passion la scène du haut d'un surplomb,
accroupi derrière un rempart de rocs.
L'escadrille n'a pas attendu l'infanterie, elle fonce vers le versant comme si
elle voulait s'y écraser. Au dernier moment, les appareils virent en arrosant au
hasard de leurs flux destructeurs la montagne.
Des
blocs entiers disparaissent, des pans de paroi abrupte s'effondrant n'ayant plus
de bases.
Mais
dans l'ensemble, Arra constate avec soulagement que l’assaut est plus
impressionnant qu'efficace.
Par
contre, le tir de barrage qui s'abat sur les assaillants est efficace, lui.
Le
patriarche note au moins trois plates-formes ennemies touchées.
Elles
explosent, noyant tout le versant dans un flot de lumière de feu.
-Profitons de
ce répit pour décrocher, que tout les combattants gagnent un poste un peu plus
haut avant le retour des soucoupes.
Nous
devons les tenir en respect jusqu'à la nuit.
-Et les autres
qui grimpent Arra? Faut-il envoyer un détachement à leur rencontre.
-Surtout pas,
ils le massacreraient. Il en ont pour des heures avant de nous rejoindre. D'ici
là, ils ne nous gênent pas. Laissez seulement quelques hommes à l'arrière pour
contrôler leur avance. Mais qu'ils restent soigneusement hors de portée.
Attention! Les revoilà Suivez la même tactique.
*
*
*
*
Soudain, tout est sans dessus dessous, et Arra est projeté en arrière. La terre
a tremblé. Il regarde, inquiet, la boule de feu dans le ciel
* * * *
*
Aggard
peste violemment:
-
Maudite rocaille! Pas moyen de se déployer sur ce chemin. Et pour comble de
tout, c'est la nuit l
S'il
n'y avait les hommes, je rebrousserais chemin, Pense-t-il encore, mais pas
question, j'y perdrais tout mon prestige!
-Allons les
gars, nous n'allons pas renoncer après tout le chemin parcouru
Soudain
il en tend des hommes crier à l'avant. Il plonge instinctivement en avant,
passant une tête prudente au coude.
L'effet
de décomposition des éléments d'un corps par un desintégrateur déclenche de
nombreux rayonnements. Energie de liaison libérée ou autre aspect
physico-chimique du phénomène, peu importe. Le fait est bien connu, même des
illettrés.
Aussi,
Aggard est aussitôt fixé quand il voit le déchaînement des rayons mortels
s'entrecroisant.
-
Attention, l’avant-garde est tombée dans une embuscade couvrez-vous. Gibs,
essaye de grimper par-là avec quelques hommes pour les prendre à revers!
Le
bourreau est plein de rage, mais il est impuissant. Ils sont bel et bien tombés
dans un piège, et il ne peut se faire aider par Atthac, malgré ses projecteurs,
il ne pourrait distinguer ses amis de ses ennemis. Oui, un piège, car soudain,
d'un peu plus haut, juste au-dessus d'eux, on les attaque. Il ne peut
qu'ordonner une retraite qui provoque la panique dans ses rangs. Certains se
jettent dans le vide pour éviter les tirs meurtriers.
Finalement, sa troupe parvient à se dégager, non sans pertes.
Quand
Gibs atteind son but, il n'y a plus personne!
-Mais Aggard
est têtu, il lui faut bien deux autres traquenards du même style avant de
s'avouer impuissant.
-Alors lui et
sa troupe retournent au campement, rappelant Atthac.
-Lui aussi a
eut des ennuis.
-Dans la nuit,
les deux plates-formes ennemies se sont mêlées à son escadrille. Impossible de
les abattre sans se toucher mutuellement, mais eux n'avaient pas ce problème.
Heureusement pour lui, ils ne possédaient qu'un armement léger. Il est resté
ensuite tout projecteurs allumés, pour prévenir toute nouvelle approche.
-Ah Ils
arrivent simultanément.
Aggard
craint l'accueil de Warr.
Il a
tord, tous dorment. Les dissidants se laissent tomber s'endorment, épuisés,
tout habillé.
*
*
-Mes amis! Le
grand jour est arrivé. Je vous promets une victoire facile, hors de la nuit,
nous ne craignons rien. Voici mon plan: Umac, les soucoupes te déposeront en
amont des fuyards avec une vingtaine d'hommes. Vous escaladerez encore une
centaine de mètre avant de prendre position, afin de mieux connaître le terrain.
Bien placés, vous n'aurez aucune peine à les empêcher de passer. Je connais ta
bravoure et je n'ai aucune crainte.J e te donne des desintégrateurs lourds.
Zamir, tu commanderas l'escadrille. Premier impératif, essaie d'attirer les deux
vedettes ennemies et de les descendre. Tu n'as que vingt cinq soucoupes mais
c'est beaucoup si tu es habile. Tu nous feras tous passer par petits groupes les
contreforts, on gagnera du temps. Ensuite, tu transporteras le commando d'Umac.
Pendant l'assaut, tu l'appuieras, et si ce n'est pas trop dangereux, tu
t'occupes de leur avant garde. Lars, tu marcheras à l'avant avec une centaine
d'hommes, avance lentement sur plusieurs fronts. Un groupe sur le sentier, deux
autres en vadrouille escaladant pour prévenir tout guet-apens. Moi, je suis avec
le reste des hommes. C'est tout!
Aggard
et Atthac sont déçus mais s'en tirent à bon compte et tout le monde le sait.
*
*
-Arra ! Ils ont
fini de débarquer les leurs, trop bas pour que nous puissions intervenir, et
cependant trop haut car notre avance est faible maintenant.
-Hum, ils sont
plusieurs centaines, bien armés, et plus question avec le jour de les
surprendre. Si leur chef n'est pas un imbécile, nous n'avons plus aucune chance.
*
*
J'ai
très facilement repéré leurs deux vedettes dans leurs lignes. Elles semblent
décidée à refuser un combat suicidaire. Elles ont raison mais je ne peux leur
permettre de conserver ce danger pour les nôtres. Aussi je lance mes ordres par
radio.
-Que toute
l'escadrille s'immobilise à portée de nos armes! Tir de couverture
-Mais s'ils
nous répondent ?
Ce doit
être un jeune sans trop d'expérience. Il me faut le remettre à sa place, aussi
je lui réponds sèchement:
-Justement si
vous faites bien votre boulot, ils ne doivent pas pouvoir répliquer, ne pouvant
se découvrir devant vos rafales.
Comme
prévu leurs défenses sont paralysée et j'en profites pour plonger. J'ai juste le
temps de voir les pilotes des deux vedettes sortir en catastrophe, avant de
sentir le BouffIe des explosions que j'ai provoqué. J'annonce aussitôt la bonne
nouvelle à Warr avant de foncer, suivi de mon escadrille vers le groupe d'Umac.
Il a
fort à faire pour contenir les citadins, pourtant mal armés.
Il me
fait cependant un geste amicale. Alors je tente un coup d'audace.
Je sais
que leur service de sécurité (moins d'une centaine d'hommes armés) n'a pu
empêcher mes compagnons de déferler sur les pauvres gens, sans doute un
millier:.
Méprisant les rares tirs sporadiques ennemis, protégé par le feu de mes
soucoupes, j'effectue un audacieux virage tout en fonçant vers le sol. Je me
sens plaqué contre un coin de mon engin par la force centifuge, mais je poursuis
ma manœuvre pour atterrir brutalement devant les premiers ennemis. Aussitôt, je
sautes par dessus bord, et je parle, je crie pour oublier ma propre peur:
-Toute
résistance est inutile, je vous en prie, rendez-vous avant que le massacre à
l'arrière devienne trop important!
Je ne
sais ce qui m'a prit, je ne suis sans doute plus aussi dur depuis pon procès, ma
condamnation à mort. En tout cas, ils n'ont pas tiré.
Un
vieux à l'avant et qui me parait être le chef courbe la tête, comme accablé
soudain par l'age, avant de s'écrier avec une force inattendue:
-Cessez le feu,
c'est inutile, tout est perdu.
L'ordre
est transmit de bouche à oreille, à une vitesse incroyable, et aussitôt je cours
vers ma radio.
-Ca va Warr,
ils se rendent, halte au feu.
J'ai
dit tout cela avec précipitation, avec dans la pensée, les inévitables derniers
morts inutiles.
Mais un
évènement allait stopper le combat en une seconde partout!
Une
secousse formidable ébranle la montagne et me projette dans le vide.J e
m'agrippe désespérément à une arête rocheuse.
Tout
tourne autour de moi, les parois rigides se gondolent comme du papier. J'ai
l'écrasante impression que le géant de pierre andin s'effondre et que je tombe
avec lui.
Puis
tout redevient normal, et d'un rétablissement je reprends pied sur la terrasse
qui m'a permit d'atterrir.
Profitant du flottement chez nous, le vieil homme s'adresse soudain à moi, avec
la passion du désespoir:
-Je vous en
supplie, écoutez-moi, et non comme un soldat mais comme un homme libre, avec
votre raison. Il ne faut pas redescendre, c'est la fin du monde!
-Mais oui, mais
oui, d'autres fous ont annoncé la même chose bien souvent, et la planète tourne
toujours
-Là, c'est
différent !
-Vous vous
référez sans doute aux rumeurs répandues par les savants, qu'est-ce qui vous
pousse à plus les croire que nos patriciens qui assurent le contraire.
-C'est que
voyez-vous, nous sommes presque tous des techniciens, donc les premiers
collaborateurs des savants. Ils nous ont assuré qu'un cataclysme gigantesque se
préparait, que si la planète n'éclatait pas en milles morceaux, notre seule
chance de survie serait de nous réfugier sur les hauteurs pour échapper au
titanesque raz de marée qui ne manquerait pas de dévaster Giorph! Puis ils ont
mystérieusement disparu, pour, parait-il une cachette secrète sous la mer
Je me
suis toujours méfié de ces nantis aux belles paroles, et malgré mon trouble, je
réagis brutalement:
- Je ne
vous crois pas! Vous allez tous redescendre dans la plaine, où nous vous
prendrons le tribu auquel nous avons droit, et estimez-vous heureux si vous
n'êtes pas massacrés. Puis nous vous escorterons jusqu'aux villes où vous
recevrez le châtiment que vous méritez! Je n'y crois pas!
-Nous non plus,
au début nous ne les avons pas crus. Et c'est pour ça que nous avons commit
l'erreur de ne pas les suivre. Mais maintenant, il y a ça ! , ajoute-t-il en
levant le doigt.
Machinalement, je tourne la tête vers ce qu'il me désigne, et malgré moi je
frissonne.
-Ce n'est
qu'une novæ
-Allons donc,
vous n'y croyez pas vous-mêmes! Regardez, il a encore grandi depuis hier, c'est
maintenant un globe d'un diamètre apparent supérieur à la lune, et beaucoup plus
brillant. Et déjà les premiers bouleversements secouent notre vielle planète.
Je me
sens envahit de sueurs froides.
Je
pense avec panique :
Il a
raison, mais je réplique encore :
-Ce n'est pas
vrai, je vais vous ramener. Ils ont juré d'assurer notre sécurité si…
-Ne soyez pas
si naïf! Nos sorts leurs sont totalement indifférents, ils se contenteront de
fuir sur leurs astronefs si le péril est trop important.
Et
toujours en moi cette litanie:
« Il a
raison, Il a raison »
C'est
maintenant à moi de choisir! Warr fera ce que je lui conseille, il a confiance
en moi, et la loi du mieux informé jourra en attendant qu'il puisse à son tour.
Mais
comme revenir en arrière est toujours générateur d'inefficacité, il se
contentera de ratifier la solution en cours d'application.
Ou bien
j'ordonne la descente, ou bien je... :
Toujours aussi nerveux, je cours vers le communicateur et j'explique en deux
trois mots la situation à Warr. Sa réponse ne me surprend pas:
-Si je
comprends bien, il faut agir vite, se réfugier dans la plaine ou sur les
plateaux, sinon un tremblement de terre plus fort que les autres risque de nous
cueillir!
Tu sais
juger un bonhomme, je te fais· confiance, Zamir, ton avis?
Ma
gorge est sèche, pourtant je n'hésite plus:
-Montons!
Le
vieux technicien se jette sur moi pour m'embrasse:
*
*
*
*
Plus
question de lanterner. Nos soldats encadrent de partout les civils. Et c'est
bien organisés que nous montons, aidés par mes soucoupes qui font sans cesse la
navette entre le sommet et notre caravane.
Mais
c'est plus que pénible car la terre tremble continuellement maintenant, et notre
route n'est plus qu'un long calvaire.
Des
hommes tombent un peu partout, ils sont emmenés en priorité la-haut, enfin,les
rares qui survivent à leur chute.
Nous ne
sommes plus que des ombres, je rampe, m' agrippant à n'importe quoi. J'ai perdu
la notion du haut et du bas, de l'horizontal, c’est tellement changeant. Les
rocs pleuvent autour de moi.
J'en ai
reçu quelques uns, des petits heureusement. Je saigne abondamment.
Ou
suis-je? Qui suis-je?
Je
marche, j'escalade depuis des heures.
Il me
semble plutôt des jours, des ans, ou des millénaires. Je ne sais plus, je n'en
peux plus, je tombe, on me soulève.
Mais je
rêve?
Le sol
est toujours aussi mouvant mais il me parait plus horizontal.
Le
sommet, le plateau! Nous sommes sauvés!
*
-Oui, sauvés au
neuf dixième, ce qui n'est déjà pas si mal.
-Tient, je ne
vois ni Aggard ni Atthac.
-Warr a profité
de l'escalade pour aller leur dire deux mots, ils n'ont pas été plus haut.
-C'était fatal,
il avait sa réputation à défendre.
-Warr et Arra
discutent ensemble, ils n'ont pas l'air d'accord.
-Tu penses! Un
militaire et un sage!
-Et oui,
sauvés !
-Si Giorph
n'explose pas!
-Bien sûr!
-Il ne leur
restera plus qu'à édifier une nouvelle civilisation, si l'autre périt.
-Avec des
mercenaires et des techniciens?
-Pourquoi pas?
-Hum! Je me
méfie du résultat.
-Tu as raison
les uns vont sans doute affirmer leur autorité, et les autres vont cacher leurs
machines.
-Mais Giorph
est-elle vraiment condamnée.
-Cela me parait
maintenant certain.
-Alors, c'est
terminé,il n'y a plus qu'à inscrire le mot :