C'est un fragment de
l'histoire d'une bien jolie planète que je vais te conter mon ami, celui de sa
fin ou de son commencement, suivant qu'il marque ta mort ou ta naissance.
Dans l'écrin bleuté de ses
océans, elle ressemble à un gigantesque hublot de sous-marin, un peu sale à
cause des nuages.
*
*
*
*
*
*
*
Le ciel s'auréole de mille
feux terrifiants.
Ne dirait-on pas que
l'enfer lui-même fond sur la planète mère une allure fantastique.
Plus la situation se
dégrade et plus les communiqués deviennent rassurants, et la foule s'agite, elle
ne croit plus en ses dirigeants millénaires, et moi non plus.
Ma maison est-elle devenue
un vaisseau ballotté par un océan déchaîné, où est-ce ma raison qui vacille? Je
tente en vain de me raccrocher à mon mobilier qui me semble prit d'une horrible
idée fixe, celle de m'écraser, car lui aussi roule, heurte à grands fracas. les
parois de mon logis.
Mais malgré tout je n'ose
sortir de peur de constater un chaos encore plus gigantesque, je préfère jouer à
l'autruche, ne pas réfléchir, fixer mes rares pensées sur les contes serinés
depuis des semaines au peuple.
Les murs sont solides et
ne risquent pas de m’écraser en s'effondrant, du moins pas encore.
Je m'efforce de croire que
tout est imaginaire, et que seul l’irréel existe.
Soudain l'interphone relié
par radio au palais lui-même, (appareil secret réservé à l'usage exclusif des
patriciens), diffuse à son maximum sonore un message incroyable.
Je me demande bêtement par
quel miracle est-il encore en état de marche par cette tourmente, avant de
saisir la portée de la déclaration:
- A toutes les familles
patriciennes, ordre de rejoindre immédiatement les hagards secrets des
astronefs, il faut, sous peine de mort, quitter cette planète.
Ainsi toutes les fausses
nouvelles qui agitaient la ville était véridiques, et les démentis irréfutables
n'étaient que des tissus de mensonges.
Et moi Zagg, encore trop
jeune pour s'occuper d’affaires d'états avait été trompé tout comme le peuple.
Je sens soudain comme un
grand dégoût m'envahir. Il n'y a pas assez d'astronef pour évacuer tous. les
atlantes.
Mais je ne dois pas perdre
plus de temps à philosopher, ma vie est en jeu.
Je gagne la porte en
titubant sous la houle terrestre.
Dans la rue règne un
tohu-bohu que même un toxicomane n'a jamais pu imaginer dans ses cauchemars. Je
n'entends même plus les cris de peur des autres errants, ni les hurlements
d'agonie des ensevelis. Tout se noie dans un grondement sourd gigantesque qui
semble provenir de Giorph dans son entier.
Tout perd de son
épaisseur, les bâtiments ne sont plus que des cartes planes qui dansent suivant
une loi inconnue. Ils s'écroulent ou s'appuient l'un contre l'autre pour former
une arche menaçante sous laquelle il me faut passer.
Pas question de rejoindre
le palais dans ces conditions, il me faut à tout prix retrouver ma vedette. Mon
dieu! Pourvu qu'elle ait résisté aux secousses. L'angoisse tord mes organes
intérieurs comme un vieux linge sale. Chancelant, plus souvent à quatre pattes
que debout, je me dirige vers mon sous-sol. Malheur! Le sol lui-même semble
s'opposer à mon avance, se soulevant brusquement il me rejette en arrière avec
dédain.
Malgré tout je parviens en
rampant jusqu'à ma soucoupe trois places. Je m'y glisse avec soulagement, Mais
mes épreuves ne sont pas terminées, si la cave a résisté, si le générateur
antigrav et le propulseur fonctionnent, comment décoller ?
Je ne suis qu'un pilote de
troisième ordre, le fait est bien connu de mes camarades. Pourtant, je m'élance
bravement. Bravement? Même pas, je n'ai pas le choix, c'est ça ou la mort!
La vedette se cabre comme
un cheval nerveux.
Jusqu'aux mécaniques qui
s'effrayent d'une telle tourmente. Dieu merci, je parviens à quitter du sol,
juste comme ma maison s'effondre derrière. Mais la cité en fureur ne s'avoue pas
encore vaincue. Elle tente de m'enserrer dans l'étau de sa rue, par les deux
rangées de bâtiments aux faîtes convergent rapidement.
Je pousse la gravité
négative au maximum, je réussis ainsi à m'échapper de justesse.
Je réduis en hâte
l'accélération qui torture tout mon être physique.
Tout le reste du voyage se
perd dans une confusion cauchemardesque.
J'ai l'impression de
traverser l'éternité de l'enfer. Impossible d'avoir la moindre notion de
l'horizontal, tout est changeant! Largeur, longueur, hauteur, se mêlent dans un
tourbillon 'fantastique.
Je ballote dans un espace
fourmillant d'objets matériels épars où le sol est à droite ou devant, au-dessus
de moi ou à ma gauche n'ont plus aucun sens.
Les images reçus par mon
cerveau ne m’impactent pas. Les gens sortent de partout et courent sans fin.
Même les couleurs restent
indéterminées.
Les premières lueurs de
l'aube viennent empiéter sur la noirceur nuageuse de la nuit, s'alliant à la
clarté blafarde de la Iune.
La première lune. Car une
seconde cherche à présent à concurrencer sa suprématie, un globe maintenant d
'un diamètre apparent double de celui de notre satellite. Si monstrueux, si
flambant que beaucoup préfèrent le comparer à un nouvel astre.
Car en effet, sur son sol
même et sur toute sa périphérie, il déchaîne les feux de l'apocalypse. Un
embrasement qui, mêlé à la nuit semble plus violacé que jaune, rouge aussi, mais
d'un rouge sale, hideux.
Ce n'est qu'un roc en
friction avec les premiers lambeaux d'atmosphère, mais il marque la fin de toute
civilisation sur Giorph.
Et dans ma soucoupe
tourbillonnante, tout se fond et se succède à une allure d'enfer:
Le ciel multicolore avec
les incendies terrestres, l'aube et la nuit, les miroirs opaques que sont les
battisses et la lune.
Elle est à l'écart.
Pourquoi faut-il que notre continent soit exposé au plus fort du cataclysme,
pourquoi ne se trouve-t-il pas de l'autre coté, bien protégé.
Dans ce désordre inhumain,
je concentre toute mon attention sur cette pointe là-bas qui doit porter, il le
faut, le palais.
Soudain un orage éclate,
tel que je n'en aie jamais connu, une chaleur torride règne depuis plusieurs
jours, d'énormes quantités d'eau ont dû être vaporisées, et elle s'abat d'un
seul coup en un déluge de pluie. Des bourrasques terrifiantes malmènent la frêle
soucoupe.
Dans cet univers dément où
plus rien ne délimite les éléments premiers : l’eau, le feu, l'air et la terre.
J'aperçois tout à coup une silhouette déformée mais familière, un ami plébéien.
Par miracle, je me
stabilise un bref instant à son niveau. Il ne me reconnaît sans doute pas, mais
sans réfléchir, il saute près de moi. Heureusement qu'il n'a pas hésité car un
brusque saute du sol nous projette brusquement vers les cieux. Je maudis les
manœuvres d'obscurantisme de ma caste qui m'empêche de disposer d'un engin
réellement aérien, au lieu d'une rudimentaire plate-forme incapable de s'élever
de plus d'une dizaine de mètres.
Mon camarade parait
soulagé un instant et ferme les yeux, il sait qu'il ne peut m'être d'aucun
secours dans la manœuvre
Il n'est qu'un plébéien.
La paix détend malgré les secousses, puis il rouvre les yeux, pour contempler
avec une nouvelle panique la tourmente à travers laquelle je le conduis.
Enfin nous arrivons au
palais, mais je ne m'y pose pas, je lance mon appareil directement vers les
hangars. La grande battisse trônant sur la colline ne résistera plus longtemps.
De part sa taille même, elle est soumit à d'énormes tensions contraires.
Le plan d'évacuation des
patriciens de Giorph a depuis toujours été prévu, plus pour échapper à une
hypothétique révolte qu'à un cataclysme. Aussi je n'ai aucune peine à rejoindre
le vaisseau où je suis affecté.
Il est déjà sur l'aire de
départ, et à mon approche le sas d'une soute s'ouvre. Malgré les dimensions de
l'entrée j'ai bien du mal à y faire entrer ma soucoupe, car l'esplanade géante
où aucune aspérité n'arrête le vent est le siège d'un véritable ouragan.
J'y parviens cependant, et
je me laisse guider par les installations automatiques du spationef.
Je n'ai pas de poste
précis à bord, aussi entraînant mon compagnon de fuite je cours vers les écrans
extérieurs. Là nous pouvons suivre à notre gré le spectacle du sinistre.
A bord, les installations
scientifiques ne sont pas limitées, et tout est équipé suivant les derniers
progrès techniques, car ils sont propriété exclusive des patriciens.
Aussi ne suis-je pas
étonné de voir arriver vers nous une sorte de réfrigérateur ambulant appelé
robot, et dont la présence serait impensable en ville.
Sa bande magnétique doit
se dérouler au moins pour la millième fois, car c'est avec quelques parasites
qu'il s'adresse à nous:
"BIENVEZZNU A BORD,MAITRES,
ZZZZ,VEUILLEZ DECLINElt VOS IDENTITES S'IL VOUS PLAIT".
La requête me semble
justifiée, elle permettra de décoller le plus rapidement possible aussitôt
l'effectif au complet.
- Je suis Zagg, un
patricien sans affectations encore et voici mon ami plébéien Sarre
"ENREGISTRE,MERZZZ,VEILLEZ A VOUS REFUGIER DANS VOZZ CABINES AVANT LE DECOLLAGE
QUI AURA LIEU
SANS ATTZZZZ;~ LES
RETARZDATAIR~~;S 'DANZ DEUX HEURES
Là je suis soufflé, le
facteur temps doit avoir une importance capitale puisque le vaisseau partira,
même incomplet.
C'est seulement en
allumant le téléviseur que je comprends. Il montre une vue de l'aire de départ.
Des dizaines de transports attendent.
Mais plusieurs gisent,
couchés, sans doute renversés par le vent. Sans cesse la foudre vient s'abattre
sur le museau des spationefs, et certain n'ont pu absorber l'énergie et ont
explosé.
Les transports sont des
astronefs allongés d'une centaine de mètres, relativement plats sur une face
vaguement cylindriques sur l'autre.
Ordinairement le décollage
s'effectue ventre au sol, mais là les appareils devront s'éloigner le plus
rapidement possible dans l'air pour ne pas être plaqué soudain par une rafale
descendante, aussi les astronefs ont été dressés sur leurs postérieurs comme de
vulgaires fusées.
Ainsi ils fendront l'air
sous le meilleur angle d'ascension possible.
Mais ce choix comporte
également des dangers. J'en ai la preuve devant mes yeux:
Le système d'arrimage est
tout juste suffisant devant la violence du vent, et elle empire de minute en
minute.
Oui je comprends
maintenant l'urgence du départ.
Ce n'est plus une retraite
prudente, mais une fuite en catastrophe.
Par malheur, ce sol rendu
mouvant par d'incessante: secousses telluriques n'améliorent pas notre
stabilité.
*
*
*
*
*
*
*
Comme s'ils s'estimaient
encore pas assez proche du fauteur de catastrophes, d'autres hommes se sont
hissés sur les montagnes.
Des techniciens avertis
par les savants, alliés à des mercenaires desespérados.
- De là-haut, ils doivent
contempler un magnifique spectacle fait d'or et de feu.
- Hum! Tout doit être noyé
dans la fumée, Néron s'était déjà heurté à ce genre d'effet secondaire gâchant
toute richesse artistique.
*
*
*
*
*
*
*
Warr le militaire et Arra
le vieux technicien n'ont pu s’empêcher de quitter leur abri pour assister aux
derniers soubresauts de Giorph la moribonde.
Zamir, le fidèle
lieutenant de warr, les a suivit discrètement.
Et maintenant leur
curiosité à tous trois est satisfaite.
Cramponnés aux rochers,
ils ne parviennent pas à détacher leurs yeux du spectacle hallucinant.
Pour eux, tout en bas
appartient à la tempête.
Les collines autrefois
verdoyantes leurs paraissent toutes aussi fluentes que les noires nuages parmi
lesquels ils les confondent.
En haut la scène est tout
aussi fantastique.
Les trois astres
rivalisent de menaces, la lune branlante, le soleil millénaire, et l’intrus
flamboyant.
Et pourtant malgré ce
trio, les trois hommes ont plutôt l'impression d'être en pleine nuit.
Peut-être à cause d'un
deuxième rideau noir qui fond sur le premier et qui voile le jour absent.
- Il semble qu'ils aient
tout autant d'ennuis nous avec les tremblements de Terre.
- Peut-être même plus,
Arra, et j'ai plus confiance en la solidité de nos cavernes qui pénètrent
profondément dans la montagne que dans leurs plaint
- Et tu as sans doute
raison, Warr, puisque nos savants dans leur infinie sagesse nous ont conseillé
de gagner ces hauts plateaux montagneux avant de disparaître assez
mystérieusement.
-Hum, chef, j'ai l'impression que ça
empire, nous devrions rejoindre les grottes en attendant la fin.
-De quelle fin veux-tu parler compagnon?
-Hé bien, de l'arrêt du déchaînement
actuel des éléments, y en aurait-il une autre?
-Bien sur que non.
-Mais si, mais si, amis, il y en a une
autre, les savants ne m'ont jamais certifié que le choc de plein fouet entre
Gioph et l'intrus céleste nous serait épargné, l'involontaire prophétie de Zamir
s'applique peut-être tout simplement à notre anéantissement.
*
*
*
*
*
*
*
- D'autres, par contre,
ont préféré chercher le salut sous les mers.
-Tu fais sans doute allusion à Atlantis
II, la cité sous-marine, qualifiée naguère de "forteresse rebelle" par les
patriciens?
-En effet elle est maintenant oubliée de
tous ou presque.
*
*
*
*
*
*
*
-Dior! Notre ville est la proie des
secousses
-Crois-tu que je ne les ressente pas ici
même.
-Stix, mon jeune ami, mais rassure-toi,
elles sont relativement faibles en regard de celles subies en surface. Tu as
beaucoup étudié depuis ton arrivée parmi nous, imagine tous les bouleversements
que subit notre vieux continent.
-Vous avez raison maître savant, il est
d'ailleurs dommage de ne pas avoir prévu quelques caméras en surface pour
observer le cataclysme, ici nous sommes sourds et aveugles.
-Erreur collègue, nous en avons disposé,
trop peu à notre goût, mais tu sais qu'il a été fort difficile de réunir le
matériel, surtout électronique, le gouvernement n'en faisait guère grand usage,
et le peuple ne devait à aucun prix en disposer, ils auraient pu évoluer en
dehors de tout contrôle. Malheureusement, elles ont toutes été détruites dès le
début.
-Ne craignez-vous pas maître de grands
mouvements sous-marins?
- Non, ils se
produiront surtout en surface et je nous crois situés assez profondément pour
être à l'abri. De toutes façons, notre écran énergétique nous protégera tout
comme il nous a protégé des missiles des patriciens lors de la grande attaque
qu'ils ont lancé quand ils nous prenaient pour de dangereux agitateurs.
*
*
*
*
*
*
- Quand va-t-on enfin se
décider à décoller?
C'est la question que tous
se posent maintenant.
Et nous sommes nombreux,
agglutinés aux téléviseurs, contemplant notre cauchemar commun.
"La nef amirale prendra
son envol dans deux minute et quarante cinq secondes à top! Veuillez vous
retirer dans vos cabines et vous attacher solidement sur vos couchettes, des
conditions atmosphériques mauvaises rendront impossible toute stabilité
interne".
Ce message sans doute
transmis dans tout le vaisseau m'arrache un rire nerveux. Le délicat euphémisme
relatif à la météo s'accorderait tout juste à une petite brise pour un voyage
marin.
Puis j'en saisis toutes
les implications.
Le souverain incontesté
est certainement à bord, Rhâa est avec nous. C'est à cause de lui que nous en
sommes là.
S'il avait prit au sérieux
les avertissements des scientifiques, il eût sans doute réussi à sauver tout son
peuple en construisant en hâte une armada d'astronefs. Malgré toute la terreur
que m'inspire notre situation je ne peux me défendre d'être envahit de
ressentiments.
Mais j'ai perdu du temps
avec toutes ces réflexions, et je reste seul, tous les autres se sont rués hors
de la coursive, et seul l'ami que j' ai sauvé m'attend un peu plus loin,
indécis.
Je le rejoins, un
demi-sourire sur les lèvres.
-Alors Sarr, tu es encore là ?
S'il a de nombreux
défauts l'un d'eux est bien la franchise, il m'en donne une fois de plus la
preuve dans sa réponse:
-Oh, ne serait ma qualité de plébéien, je
me serais enfuit tout comme un autre, maitre Zagg, mais n'étant pas patricien
nulle place ne m'est destinée sur ce navire magique, et j'ignore où se trouve
votre cabine.
Je pars d'un rire sincère.
-Allez, suis-moi et cesse ton baratin!
Que signifient ces maîtres et autres fatras? Pas de ça entre nous veux-tu. Et
puis je t'ai répété cent fois que rien n'était magique, ce n'est que de la
science accommodée à la sauce technique!
Mais je n'ai pas réussi à
le dérider, je prends soudain conscience moi-même, et c'est une course éperdue à
travers un labyrinthe compliqué que je connais heureusement comme ma poche.
Ah, voila ma cabine, un
réduit exigu avec six couchettes superposées dont deux seulement sont occupées.
J'en désigne une à Sarr tout en m’allongeant sur la couche inconfortable.
Il me reste trente
secondes pour me sangler soigneusement grâce aux attaches prévues à cet effet.
Je regarde ensuite autour de moi.
Barr m'adresse un pauvre
sourire que je lui retourne sans conviction.
Mes deux autres compagnons
sont des anciens empâtés qui ont préféré s'endormir à l'aide de drogues plutôt
que d'affronter la réalité en face. Il y a quelque chose de pourri dans la
noblesse Atlante.
Pour moi, pas question de
manquer l’évènement, je veux que son souvenir se grave à tout jamais dans ma
mémoire, si toutefois il me reste des jours pour l'évoquer.
Aussi, je branche le petit
téléviseur qui domine ma couchette, l'orientant face à mes yeux.
Je retrouve la scène déjà
connue de l’astroport de Giorph, mais bientôt un déchirement flamboyant balaye
tout. Le carburant chimique jette ses flammes par les tuyères. Les pilotes
n'usent qu'avec prudence des compensateurs de gravité, les éléments sont trop
déchaînés pour qu'ils osent trop affaiblir l'inertie des transports.
Ce n'est la puissante et
régulière ascension habituelle sur ce type d'astronef. Notre spationef 'est
emmené tel un fétu de paille.
Les images de mon
téléviseur tournent sans arrêt. Je me sens tiraillé de tout cotés, et je sais
que sans mon harnais de sécurité j'irai m'écraser sur l'une des cloisons de la
cabine.
Tout se brouille en moi.
Je vais perdre
connaissance.
* *
* *
*
*
Je suis piégé dans un étau
dont les mâchoires se resserrent peu à peu.
Je m'enfonce tout
doucement dans les sables mouvants jusqu'aux chevilles, au-dessus du genou, plus
haut que le ventre, au-delà du menton,
de ma bouche.
C'est la mort elle-même,
la vieille femme mythologique qui m'attire vers le néant.
Mais je résiste et soudain
l'étau se desserre, ma respiration devient plus libre, et j'émerge à la
conscience.
Le spectacle retransmit
par mon vidéo est la première image que ma rétine reçoit et aussitôt je ne peux
plus en détacher mes yeux.
Nous avons gagné en
altitude, et c'est pourquoi nous échappons un peu aux perturbations. Englobant
tout le continent, le tableau est grandiose. Je ne vois plus qu'une surface
gondolée et mouvante de ce qui était ma patrie.
Choquante en regard du
cataclysme, une voix humaine tranche tout à coup sur les grondements sourds et
lointains de Giorph et les gémissements de la coque:
"Atlantes, nous sommes
sauvés ! .Et ne croyez pas notre fuite égoïste et vaine, nous n'abandonnons nos
frères, j'ai la joie de vous annoncer que le corps céleste fautif de ce désastre
s'éloigne maintenant de Giorph, notre planète a résisté, il y aura beaucoup de
survivants, et nous pourrons les secourir!"
Je n'ai pas quitter
l'écran des yeux, quel est cette tache sombre qui, issue des océans envahit
notre continent?
"Oui, notre glorieux
destin sera de.."
Sa voix s'affaisse en un
gargouillis informe. Quel espoir pourrait en effet subsister avec ce raz de
marée qui balaie tout en bas!
*
*
*
*
*
*
Je trouve que sa vision
d'ensemble est bien restrictive. Mu n'est pas le seul continent recouvert par
les flots.
-Non, mais lui seul abritait leur
civilisation.
-La civilisation, n'oublie pas qu'il n'y
en a aucune autre.
-Au fait l'astre étranger s'éloigne-t-il
vraiment ?
-Je ne sais pas et les patriciens non
plus, ce communiqué n'était qu'une simple manœuvre politique. Malheureusement
pour son auteur, elle n'a pas résisté à l'analyse.
-C'est scandaleux!
-Non, c'est humain.
-C’est la même chose
-Comment cela?
-En période de crise, l'homme non
compétent qui doit laisser à d'autres le soin de sauver leur peau travaille pour
tromper son angoisse.
-Ainsi, le musicien jouerait de son
instrument le peintre…
- …barbouillerait avec
application, j'ai compris, oui mais, et le politicien?
-Il intrigue bien sûr!
*
*
*
*
*
*
*
SOudain, quelque chose
reparaît entre les montagnes qui bordent Mu.
Tel un géant qui se
redresse malgré les milliers de nains qui le recouvrent pour l'étouffer, notre
vieux continent émerge des flots.
En un instant, il rejette
la mer dans son lit, et malgré toutes ses blessures qui déchirent son corps
fatigué, il semble défier l'univers.
Mais ce n'était que le
dernier sursaut du guerrier moribond, tout à coup il s'abîme pour toujours dans
l'océan comme s'il s'effondrait sous son propre poids.
Ce n'est plus comme la
première fois, l'immersion sous une vague gigantesque planétaire, mais le navire
qui coule, parce que sa coque est percée.
Mon dieu! Pourquoi ne
reparait-il pas?.
CE N'EST PAS POSSIBLE!!!
La science l'a démontré!
Il faut plusieurs milliers d'années pour changer un détail sur la carte, et des
millions pour qu'un océan prenne la place d'une étendue terrestre.
Un continent ne peut ainsi
s’affaisser en quelques minutes!
*
*
*
*
*
*
*
-J'ai l'impression que les rescapés
auront quelques postulats à modifier.
-S'il y a des survivants
-Bien sûr.
-Et nos savants d'atlantis II, comment se
portent-ils ?
-Fort bien pour l'instant.
-Mais ils ont commis une petite erreur.
*****
-Dior, je suis malade, je me sens
bizarrement léger, tout bouge
-Ne crains rien Stix mon jeune ami, tes
sens ne t'abusent pas, si nous mourons comme j'en ai peur, ce sera du moins en
bonne santé.
Stix frisonne, son vieux
maître a terminé sa phrase dans un rire légèrement hystérique, si lui aussi se
met à craquer.
-Les savants ne sont pas omniscients,
loin de là, et nous avons commis une impardonnable faute.
-Que, se passe-t-il?
-Le continent s'effondre!
-Que nous importe? Nous sommes sous les
eaux et non sur terre.
-C' est ce qui te, trompe, Mu ne s'arrête
pas où la mer commence, il s'enfonce très loin au large. Seules les grandes
fosses sous-marines le limite actuellement, puisqu'il y a eut vraisemblablement
cassure. Nous sommes trop près des côtes, il nous entraîne dans sa chute!
-Que pouvons-nous faire?
-Rien, il n'y a qu'à espérer que notre
cité résistera au choc.
*
*
*
*
-Le destructeur s’éloigne, Giorph se
calme.
-Sa face cependant a changé.
-De nouveaux océans.
-De nouveaux continents.
-Y-a-t-il des survivants?
-Bien sûr, cependant…
-Cependant?
-Ce ne sont que des plébéiens, sans
savoir, sans matériel, sans chefs et sans espoir, Ils retourneront vite à la
barbarie.
-Ils vont même régresser physiquement.
-Une nouvelle préhistoire commence sur
Giorph.
-Quelques communautés découvriront sans
doute par hasard dans quelque grotte profonde des miettes du savoir perdu. Il en
naîtra une ou deux civilisations éphémères qui étonneront les mondes futurs,
par quelques réalisations techniques inexplicables, ou plus extraordinaire
encore, par une vision physique exacte de l'univers. Mais dans l'ensemble, de la
formidable civilisation de Mu ne subsistera qu'une légende sans crédit.
-C'est tout?
-Pas tout à fait, les montagnes bordant
Mu ont survécu aux plaines.
*
*
*
*
Warr et Arra observent
sans un mot l'horizon, du haut de leur montagne.
A l'Ouest, leur patrie à
fait place au bleu-vert infini de la mer.
Par contre, à l'Est
s'étend un nouveau continent, tout jeune, vierge, nettoyé par la mer.
Zamir, le soldat au cœur
dur qui a connu bien des campagnes se sent bizarrement ému, comme un adolescent.
-Nous descendrons bientôt pour faire
renaître une nouvelle civilisation.
Warr et Arra sourient à
cette évocation, et pour un instant, ils rêvent eux aussi à cette utopie. Mais
bien vite leurs pensées s'égarent:
Les deux hommes pensent :
"Il faut à tous prix que
nous maintenions ces civils sous notre joug, j'en parlerai dès notre retour aux
hommes. Sinon, ces techniciens auraient vite fait de profiter de notre ignorance
pour nous dominer"
"Nous devons conserver le
peu de savoir que nous possédons pour nous même, c'est vital, sinon n'ayant plus
besoin de nous, Warr et ses mercenaire nous liquideront. Malheureusement, ils
ont la force pour eux, Il faut nous incliner mais qu'ils restent toujours
dépendant de nous,.
ainsi le statu-quo se
prolongera."
*
*
*
*
*
*
*
*
*
*
-Et alors?
-Les rares machines sont précieusement
conservées par une élite, car elles ne pourront jamais être remplacées.
-Une élite de techniciens je suppose.
-Plus vraiment, disons un groupe d'hommes
qui utilisent des machines qu’ils ne comprennent plus.
-N'y a-t-il aucune opposition ?
-On ne se révolte pas contre les dieux et
nos aventuriers se sont sacré prêtres, le peuple est abêti dans l’adoration. Il
vénèrent un certain Rha, parti il y a très longtemps vers les cieux, et qui
reviendrait un jour sauver ses enfants, c'est le dieu du soleil.
-Oui c'est assez normal, mais les
patriciens ne sont jamais revenus n'est-ce pas ?
-Non.
-Et qu'est devenue cette communauté ?
-Les machines sont retournées à la
poussière, il ne reste plus que les merveilleuses réalisation de leur travail,
c'est maintenant une véritable civilisation assez pacifique.
-C’est dû à l'antique hantise, des
techniciens envers les mercenaires, je suppose.
-Assez raffinée sur le plan de la pensée
pure.
-Un empire un peu mystique, mais
civilisé.
-Bref, la proie idéale pour une bande de
barbares possédant les premiers rudiment/de la technologie.
-Parfaitement.
-A propos, qu'est-il advenu de ces sages
qui s'étaient réfugiés dans les hauteurs de l'Himalaya, à la pointe ouest du
défunt Mu.
-Ils ont développé une communauté vouée
aux recherches de l'esprit.
-Bref, philosophie, sagesse,
autocontrôles, tout y passe.
-Oui, tout cela et le reste. Ce ne sont
que des noms sur des disciplines bien trop arbitrairement séparées. Je crois
qu'ils ont obtenu d'incroyables résultats sur les sciences parapsychologiques.
-Para quoi?
-Parapsychologique! Je t'avais prévenu,
toute étiquette n'est qu'un mensonge. Je parlais de télépathie, télékinésie,
téléportation, etc.
-Tu veux dire que les hommes ne sont pas
tous télépathes?
-Non, mais ça viendra.
-Les pauvres.
*
*
*
*
*
*
*
-Je voulais que tu sois le premier
prévenu, mon fils. La croûte terrestre s'est enfin stabilisée Nos sismographes
enregistrent encore de nombreux tremblements partout des chaînes de volcans
crachent leurs feux d'enfer, mais nous ne descendrons pas plus pas.
-La menace s'est-elle écarté Dior?
-Bien sûr, Stix, en surface la vie va
pouvoir renaître.
-Et nous pourrons l'assister.
-Je crains que non, jeune disciple
impossible.
La pression est trop
forte.
- Mais notre cité a
résisté, et nous ne sommes pas écrasés.
-C’est uniquement grâce à notre champ
d'énergie. Il soutient tout un océan. Tout atlante qui quitterait sa protection
mourrait à l'instant.
-Tiendra-t-il?
-Là, il n'y a aucune crainte à avoir tant
qu'il sera alimenté Atlantis II vivra.
-Mais c'est terrible, comment trouver
cette énergie, si nous ne pouvons sortir.
-Espérons que le sol en recèle, quelque
soit sa forme.
-La probabilité est faible.
-Tu raisonnes maintenant en froid
scientifique, Stix, mais tu as raison. Sinon nous enverrons des engins
automatiques à l'extérieur.
-Des robots?
-En quelque sorte. Je vois que tu as bien
assimilé ton programme d'automatisme. Théoriquement, n'ayant pas de pression
interne à entretenir, ce sera sans doute possible de les utiliser.
-Mais et la nourriture ?
-Nous avons repéré quelques poissons des
profondeurs, il ne sera pas facile de les chasser, leur peau est plus dure que
la coque d'un sous-mari Aussi je compte surtout sur les poissons que nous avons
entraîné avec nous sous notre dôme, nous pourrons en faire l'élevage assez
aisément.
L'eau ne manque pas, il
suffit de la traiter pour avoir à la fois boisson, air, et sel.
-Peut-être même parviendrons-nous un jour
à miniaturiser assez notre générateur de champs pour le monter sur un
sous-marin.
-Hum! Tu n'imagine pas tout les problèmes
qui s'y opposent, mais je souhaite sans trop y croire qu'un jour ton idée se
réalise.
*
*
*
*
*
*.
*
-Vite! Raconte-moi, je brûle de connaître
le sort de ces courageux Atlantes.
-Je n'en sais strictement rien. J'ai une
vision universelle qui dépasse largement les étoiles mais à cette profondeur ils
échappent totalement à ma perception, je ne peux que constater qu’Ils ne sont
jamais remontés à la surface, ou alors ils l'ont fait sans laisser de traces.
-Tu mens, tu sais très bien ce qui en
est, dis-le.
-A quoi bon, tu le sais aussi.
-Bon, je crois que l'histoire est
achevée, on signe et on s'en va?
-Hé! Attends, tu oublie les patriciens!
-Bon dieu! C'est vrai, où donc les ai-je
laissé
-Ceux-là? Voyons! Ah oui, mais qu'ils
sont loin derrière!
-S'il vous plait, le temps! Retour en
arrière à la vitesse de deux millénaires par seconde. Attention, stop! .. Merci!
*
*
*
*
*
*
*
Je reste longtemps ainsi
prostré, incapable de me ressaisir.
Quand je sors enfin de ma
passivité, Giorph n'est plus qu'une petite bille bleuâtre sur mon écran, même si
ça et là, elle jette encore quelques éclairs.
J'entends un gémissement à
ma droite.
Le spectacle qui s'offre à
mes yeux est horrible. Un des harnais n'a pas tenu peut-être son propriétaire
n'a-t-il pas suffisamment bien fixé ses sangles. Son pauvre corps est allé se
fracasser plusieurs fois dans la cabine, et il y a des traces sanglantes un peu
partout, curieux que je ne l'ai pas remarqué plus avant.
Et pourtant je ne me sens
pas atteint, j'ai vu mourir ma patrie en quelques minutes, et j'ai déjà dépassé
le seuil limite d’émotivité.
Je regarde un instant le
cadavre désarticulé, qui fut jadis un patricien respecté et puissant,
Jadis, c'est loin tout ça.
Ca n'a pas l'air d'être le
cas pour mon ami Saar dont le visage est exsangue et les yeux exorbités. Je me
sens comme soul. Je me mets soudain à rire sans pouvoir me contrôler Mon ami me
regarde alors, encore plus épouvanté.
Je suis soudain comme
dégrisé, et si je suis encore comme détaché de tout, je ne saisi plus du tout le
coté comique de la situation pour éviter d'avoir à réfléchir, je me détache.
Ma voix est rauque quand
je demande:
- Rien de cassé, Sarr?
- Rien Zagg.
Il parait mieux, mais a
quelques difficulté à parler. Je me penche sur l'autre patricien.
Il n'a rien de cassé mais
dort toujours profondément, la drogue agit toujours.
Je me demande si je
préfèrerai être conscient ou non..e crois que j'aimerai voir la mort en face
.Réflexion idiote, car en définitive, qu'est -ce que ça change l
Je m'approche de
l'interphone,
"Allo! Service médical? Il
y a un cadavre à enlever à la cabine numéro 217"
La froideur de la réponse
me surprend:
-Ne pouviez-vous pas l'éjecter vous-même
dans l'espace?
-C'est que de toutes façons, il y a aussi
beaucoup à nettoyer.
-Je vois, on vous envoie le service
entretien.
Sans attendre j'ouvre la
porte coulissante et je sors. Je suis dégoûté de tout.
Saar s'empresse de me
suivre.
-Eh! Attends-moi! Où vas-tu?
Je ne prends même pas la
peine de lui répondre.
Coursive après coursiye,
nous débouchons sur une passerelle, dont l'une des parois est transparente. Là,
je m'arrête et m'appuis sur la rampe.
Pour la première fois
j'éprouve un réconfort. J'oublie un instant toutes les récentes horreurs pour
contempler un spectacle qui me fascine:
La nuit éternelle de
l'espace.
Ses millions d'étoiles,
autant de magnifiques et dérisoires clartés qui tentent vainement d'éclairer les
mystères de l'univers. Le flou troublant introduit par la matière intra système
et interstellaire.
Et de l'autre coté, le
soleil, astre moyen, aussi faible que les autres, mais qui règne en maître sur
son système, ce soleil sans lequel toute vie est impossible, ce soleil, à
l'origine de toutes les énergies.
-Mais qu'allons-nous devenir?
-Hein? Quoi? Que dis-tu? Ah oui, et bien
pour le savoir, tu n'as qu'à me suivre, allons à la salle de réunion, Rhâa
finira bien par y faire une petite réunion, il adore ça notre petit Rhâa.
Saar ne comprend pas la
lueur qui brille dans mes yeux, et il est effrayé par mes paroles.
/~
*
*
*
*
*
*
*
La salle est comble, tous
ont eut la même idée.
Et pourtant, elle est
étrangement calme, tout le monde effondré attend.
Je crois bien que si rien
ne venait briser leur apathie, ils se laisseraient mourir sans un geste.
C'est un vaste
amphithéâtre d’une centaine de places seulement. Mais c'est sans importance,
nous regarderons la scène, plus souvent par le téléviseur que directement. Et
tous, sur les autres vaisseaux feront de même, même si nous aurons le privilège
de voir Rhâa en personne au centre du cirque au lieu d'une image tridi.
Une image tridi. Je pense
déjà à ces mots en habitué, alors qu'ils étaient encore tabous la veille.
J'étudie l'appareil devant
moi. C'est plus un visiophone qu'un téléviseur puisqu'il doit en principe me
permettre de prendre la parole. Il suffit d'appuyer sur 'un bouton jaune et si
le vénéré maître y consent, des milliers d'Atlantes vous écoutent.
J'aimerai pouvoir y
apporter quelques modifications. Je ne suis ni savant ni technicien, mais les
machines m'ont toujours intéressées, et j'ai quelques notions.
Sous l'œil effaré de Sarr,
je sors quelques outils que j'ai pu dérober en traversant un magasin que nous
avons traversé en venant. Tous étaient trop bouleversés pour me demander des
explications.
Il s'agit maintenant de
trouver deux fils, oui, mais lesquels?
Rhâa entre, majestueux, il
se considère manifestement comme l'empereur de MU.
Il marche lentement, comme
s'il jouait une mauvaise dramatique, mais je devine que la tristesse qui burine
son visage qui se découpe en gros plan sur l'écran est jouée.
C'est un homme de hauteur
moyenne, d'une cinquantaine d'année, assez ventripotent.
Il porte sa toge de noble
des grandes cérémonies. Et le soleil qui est son emblème est brodé dessus.
D'une voix grave il
commence :
-Atlantes! C'est un rude coup qui a
touché notre civilisation! Mais elle n'est pas morte pour autant, consolez-vous
en vous répétant que la partie la plus importante de notre société, vous tous
ici, est sauvée grâce à la clairvoyance de vos chefs. Nous aurions aimé repartir
aussitôt à la recherche d'éventuels survivants, mais il ne peut y en avoir. Oui?
L'un d'entre vous désire prendre la parole
- Merci très vénéré Rhâa, mais est-on
certain qu'il n'y ait aucun rescapé. Je crois que même en face d'une telle
certitude, nous devrions
-Absolument certains, d’ailleurs il n'y a
et ne pourra jamais plus avoir de vie sur Giorph, nous l 'affirmons! Et
maintenant la parole est à notre très estimé compatriote Stir. Je m'excuse de
pouvoir donner l'antenne à tous mais devant un tel nombre, il m'a fallut choisir
C'est bien ce que je
craignais, il a coupé aussitôt l'opposant, et pour ne plus prendre de risque, ne
laissera plus s'exprimer que ses partisans. Et pendant l'insipide éloge du
toutou Stir envers son maître, j'emplois un surcroît d'énergie dans mes
recherches.
-Il est certain, cher Rhâa, que sans
vous, nous étions perdus, nous ne vous serons jamais assez reconnaissants pour
vos bienfaits. Acceptez l'hommage unanime de tous les Atlantes. Continuez
longtemps à nous gouverner.
Voilà, j'y suis presque,
ça y est, je peux faire entendre ma voix.
-Nous attendrons en toute confiance les
mesures que vous choisirez.
-Merci Stir, je vous ferais bientôt
connaître ma décision. Sachez cependant que vue la situation, je vais devoir
instaurer une sorte d'état li d'exception, qui vous le comprenez…
-Non moi, je ne comprends pas, et je
n'accepte pas. Ecoutez bien mes paroles, Atlantes, car je ne pourrais sans doute
pas les répéter.
J'accuse cet homme, Rhâa
de traîtrise. et de crime envers la nation Mu. Les savants depuis longtemps
convaincus du danger l'avait prévenu mais il ne les a pas crû, même lorsque
l'astre vengeur clamait haut dans le ciel son arrivée, il a préféré sacrifier le
peuple Atlante, de peur de déranger ses habitudes, il l'a même empêché de se
réfugier sur les hauteurs.
Ce dictateur vous mènera à
votre perte comme il a poussé Mu à la sienne. Il vous asservira puisqu'il ne
peut plus choisir ses esclaves dans le réservoir populaire.
Neutralisez les séides de
Rhâa, et venez à notre secours, car le tyran a réuni ses plus chauds partisans
ici, et le vaisseau amiral restera entre ses mains. Si un trop petit nombre
de.spationefs se révolte, prenez le large et tachez de fonder quelque part une
nouvelle civilisation, libre celle ci.
- AUX ARMES, ATLANTES!
VIVE LA LIBER
*
*
*
Rhâa pendant ce temps
n'était pas resté inactif. Au début, il est vrai il avait été trop stupéfait
pour réagir.
Mais très 'vite, avant
même de réfléchir, il se jeta sur les commandes pour couper les circuits.
Vainement, l'agitateur parlait toujours. Il chercha alors à localiser
l'opposant.
Il obtint enfin le numéro
de poste qu’occupait le traître. Il envoya une escouade et attendit tout en
détaillant l'inconnu.
C'était un jeune homme
d'une vingtaine d'années, récemment durci, assez grand, svelte, un peu trop
même, ce ne devait certes pas être un sportif.
Des cheveux foncés et
courts, un visage volontaire, une fière allure, oui, mais pas un combattant.
*
*
*
*
*
*
*
- AUX ARMES, ATLANTES!
VIVE LA LIBER
Soudain, deux hommes
surgissent derrière moiet me saisissent. Mais j'ai la surprise de voir
Sarr le timoré se jeter sur eux, en voilà un au moins que j'ai convaincu!
J'aurai sans doute tous les plébéiens avec moi, malheureusement, il n’y en a
guère.
Mais je sais que contre
ces deux professionnels du combat, ces deux gorilles, je n'ai aucune chance,
d'autant plus que d'autres arrivent en renfort.
Non pauvre ami ne pèse
guère lourd, et ils se débarrassent de lui d'une chiquenaude'."
Je dois avouer que j'ai
toujours éprouvé un penchant pour les poses mélodramatiques, pour les
interprétations excessives dans les pièces de théâtre.
Aussi ne faut-il pas
s'étonner si, sautant par dessus le vidéo, puis de rangées en rangées par dessus
la tête de mes compatriotes trop effrayés pour agir, je m'écrie:
- A mort le dictateur!
En descendant ainsi les
gradins, j'ai l'impression de voler. Je ne suis plus très loin de Rhâa et il
fixe son regard vers moi. Lui n'a pas ,peur, il me parait plutôt amusé.
Il est tout près. Je vais
l'atteindre. Je… La nuit..
*
*
*
* '
*
*
*
-Cependant tous les jeunes t'on suivit si
bien qu'ils tiennent plus de vaisseaux que moi. Seulement nous n'avons prévu
aucune arme extérieure sur ces spationefs, il leur faudra nous vaincre à
l'abordage et il y aura du sang, alors…
un serviteur entre, humble
jusqu’à l’effacement.
-Oui? Qu'est-ce que c'est ? Ah! Le café,
bien, posez-le là merci. Désirez-vous une tasse de café avant de mourir, Zagg?
Que fais-tu à rester là ? Va-t-en!
-Je suis Plébéien maître Rhâa, depuis
trente ans votre fidèle serviteur.
L'homme est âgé de plus de
soixante ans, il porte l'humble drap de sa caste. Je suis aussi intrigué que
Rhâa.
-Oui je le sais bien Zirr sinon mes
gardes ne t'auraient pas laissé entrer, mais que veux-tu ?
-Simplement vous dire un mot maître.
-Bien, dis vite, tu vois que je suis
occupé, quelle insolence!
-Je n'abuserai pas de votre temps maître.
-Voilà. Ma femme et mon fils sont restés
sur Giorph.
Il a dit cette phrase sur
le même ton d'humilité et en même temps il sort de dessous sa toge une arme et
tire!
Un rayon aveuglant frappe
la poitrine du dictateur, il a le temps de jeté un regard stupéfait sur cet
humain insignifiant dont il n'a jamais tenu compte avant de mourir, et de tomber
la poitrine totalement carbonisée.
Avec les mêmes gestes
soignés qu'il réalise depuis trente ans, il ramasse le plateau, et ressort,
toujours très calme.
*
*
*
*
*
*
*
Je me tiens maintenant au
centre de l'auditorium.
Vais-je, comme Rhâa voir
un contestataire vengeur se dresser contre moi, mais non, je rêve.
-Amis, je déclare l'abolition de toute
dictature. Vous choisirez vous-même vos chef. Je vous propose maintenant de
profiter de cette réunion pour décider de notre avenir.
Giorph n'est plus un monde
pour les hommes, de plus aucune autre planète du système n'est habitable, il
nous faut maintenant nous tourner vers les autres étoiles.
-Mais ne pouvant dépasser la vitesse de
la lumière tout voyage dure une éternité
-Mais et l'antigravité?
-Elle ne nous permettra que de frôler
très rapidement cette limite, pas de la franchir.
-Je suis Zorg, un des rares savants de
cette expédition, il existe une solution, l'hibernation. Le temps du voyage
n'existera plus pour nous, nous dormirons sans vieillir, mais il y a un
inconvénient. Gioph et tout le reste de l'univers lui vieilliront.
Là j'interviens:
-Que nous importe Giorph, tout notre
monde est maintenant sur ces vaisseaux. Mais n'y a-t-il aucun risque d'accident?
-Non surtout qu'à la vitesse où nous
irons le temps sera très ralentit. Nous ne compterons en fait que fort peu
d'année en hibernation.
-Bon alors voici de que je propose: Tout
le voyage s'effectuera automatiquement. Et comme les planètes habitées risquent
d'être fort rares, seule une patrouille sera éveillée pour explorer un système,
chacune à tour de rôle. Ainsi nous aurons de bonnes chances de trouver une
nouvelle patrie. Je mets le projet aux voix.
*
*'
*
*
*
-Réussiront-ils ?
-Bien sur! Mais quelques années ont été
nécessaires pour tout préparer, tout organiser, ils ont fait le premier voyage
éveillé jusqu'au système du centaure, sans succès hélas. Et dans le suivant, il
y a eut une petite erreur, ils ne se sont pas réveillés et ne savent plus où ils
sont.
-Quelle importance?
-C'est ce qu'ils ont déduit mais il n'y
aura plus d'erreur, tout est au point.
-Au fait, la mort de Giorph, c'était une
blague!
-Evidemment, Rhâa, qui avait trop la
frousse pour revenir tout de suite a inventé cette fable pour être obéit.
-Alors l'histoire est enfin achevée.
-Non de nouvelles civilisations vont
naître sur Giorph, pardon, la Terre.
-Oui mais pour les Atlantes?
-Elle commence aussi avec toute une série
d'aventures, rencontres avec d'autres formes de vies
-Raconte!
-Non, c'est une autre histoire, un autre
fragment.
-Autre société.
-Autre héros.
-Autre problème
-Autre solution.
-Tout de même, celle-Ia était
particulière.
-En quoi?
-Ce n'est pas tous les siècles que naît
une apocalypse.