Apocalypse sur Giorph

C'est un fragment de l'histoire d'une bien jolie planète que je vais te conter mon ami, celui de sa fin ou de son commencement, suivant qu'il marque ta mort ou ta naissance.

Dans l'écrin bleuté de ses océans, elle ressemble à un gigantesque hublot de sous-marin, un peu sale à cause des nuages.

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Le ciel s'auréole de mille feux terrifiants.

Ne dirait-on pas que l'enfer lui-même fond sur la planète mère une allure fantastique.

Plus la situation se dégrade et plus les communiqués deviennent rassurants, et la foule s'agite, elle ne croit plus en ses dirigeants millénaires, et moi non plus.

Ma maison est-elle devenue un vaisseau ballotté par un océan déchaîné, où est-ce ma raison qui vacille? Je tente en vain de me raccrocher à mon mobilier qui me semble prit d'une horrible idée fixe, celle de m'écraser, car lui aussi roule, heurte à grands fracas. les parois de mon logis.

 

Mais malgré tout je n'ose sortir de peur de constater un chaos encore plus gigantesque, je préfère jouer à l'autruche, ne pas réfléchir, fixer mes rares pensées sur les contes serinés depuis des semaines au peuple.

Les murs sont solides et ne risquent pas de m’écraser en s'effondrant, du moins pas encore.

Je m'efforce de croire que tout est imaginaire, et que seul l’irréel existe.

Soudain l'interphone relié par radio au palais lui-même, (appareil secret réservé à l'usage exclusif des patriciens), diffuse à son maximum sonore un message incroyable.

Je me demande bêtement par quel miracle est-il encore en état de marche par cette tourmente, avant de saisir la portée de la déclaration:

- A toutes les familles patriciennes, ordre de rejoindre immédiatement les hagards secrets des astronefs, il faut, sous peine de mort, quitter cette planète.

Ainsi toutes les fausses nouvelles qui agitaient la ville était véridiques, et les démentis irréfutables n'étaient que des tissus de mensonges.

Et moi Zagg, encore trop jeune pour s'occuper d’affaires d'états avait été trompé tout comme le peuple.

Je sens soudain comme un grand dégoût m'envahir. Il n'y a pas assez d'astronef pour évacuer tous. les atlantes.

Mais je ne dois pas perdre plus de temps à philosopher, ma vie est en jeu.

Je gagne la porte en titubant sous la houle terrestre.

Dans la rue règne un tohu-bohu que même un toxicomane n'a jamais pu imaginer dans ses cauchemars. Je n'entends même plus les cris de peur des autres errants, ni les hurlements d'agonie des ensevelis. Tout se noie dans un grondement sourd gigantesque qui semble provenir de Giorph dans son entier.

Tout perd de son épaisseur, les bâtiments ne sont plus que des cartes planes qui dansent suivant une loi inconnue. Ils s'écroulent ou s'appuient l'un contre l'autre pour former une arche menaçante sous laquelle il me faut passer.

Pas question de rejoindre le palais dans ces conditions, il me faut à tout prix retrouver ma vedette. Mon dieu! Pourvu qu'elle ait résisté aux secousses. L'angoisse tord mes organes intérieurs comme un vieux linge sale. Chancelant, plus souvent à quatre pattes que debout, je me dirige vers mon sous-sol. Malheur! Le sol lui-même semble s'opposer à mon avance, se soulevant brusquement il me rejette en arrière avec dédain.

Malgré tout je parviens en rampant jusqu'à ma soucoupe trois places. Je m'y glisse avec soulagement, Mais mes épreuves ne sont pas terminées, si la cave a résisté, si le générateur antigrav et le propulseur fonctionnent, comment décoller ?

 

Je ne suis qu'un pilote de troisième ordre, le fait est bien connu de mes camarades. Pourtant, je m'élance bravement. Bravement? Même pas, je n'ai pas le choix, c'est ça ou la mort!

La vedette se cabre comme un cheval nerveux.

Jusqu'aux mécaniques qui s'effrayent d'une telle tourmente. Dieu merci, je parviens à quitter du sol, juste comme ma maison s'effondre derrière. Mais la cité en fureur ne s'avoue pas encore vaincue. Elle tente de m'enserrer dans l'étau de sa rue, par les deux rangées de bâtiments aux faîtes convergent rapidement.

 

Je pousse la gravité négative au maximum, je réussis ainsi à m'échapper de justesse.

Je réduis en hâte l'accélération qui torture tout mon être physique.

Tout le reste du voyage se perd dans une confusion cauchemardesque.

 

J'ai l'impression de traverser l'éternité de l'enfer. Impossible d'avoir la moindre notion de l'horizontal, tout est changeant! Largeur, longueur, hauteur, se mêlent dans un tourbillon 'fantastique.

Je ballote dans un espace fourmillant d'objets matériels épars où le sol est à droite ou devant, au-dessus de moi ou à ma gauche n'ont plus aucun sens.

Les images reçus par mon cerveau ne m’impactent pas. Les gens sortent de partout et courent sans fin.

Même les couleurs restent indéterminées.

Les premières lueurs de l'aube viennent empiéter sur la noirceur nuageuse de la nuit, s'alliant à la clarté blafarde de la Iune.

La première lune. Car une seconde cherche à présent à concurrencer sa suprématie, un globe maintenant d 'un diamètre apparent double de celui de notre satellite. Si monstrueux, si flambant que beaucoup préfèrent le comparer à un nouvel astre.

 

Car en effet, sur son sol même et sur toute sa périphérie, il déchaîne les feux de l'apocalypse. Un embrasement qui, mêlé à la nuit semble plus violacé que jaune, rouge aussi, mais d'un rouge sale, hideux.

 

Ce n'est qu'un roc en friction avec les premiers lambeaux d'atmosphère, mais il marque la fin de toute civilisation sur Giorph.

 

Et dans ma soucoupe tourbillonnante, tout se fond et se succède à une allure d'enfer:

Le ciel multicolore avec les incendies terrestres, l'aube et la nuit, les miroirs opaques que sont les battisses et la lune.

 

Elle est à l'écart. Pourquoi faut-il que notre continent soit exposé au plus fort du cataclysme, pourquoi ne se trouve-t-il pas de l'autre coté, bien protégé.

 

Dans ce désordre inhumain, je concentre toute mon attention sur cette pointe là-bas qui doit porter, il le faut, le palais.

 

Soudain un orage éclate, tel que je n'en aie jamais connu, une chaleur torride règne depuis plusieurs jours, d'énormes quantités d'eau ont dû être vaporisées, et elle s'abat d'un seul coup en un déluge de pluie. Des bourrasques terrifiantes malmènent la frêle soucoupe.

Dans cet univers dément où plus rien ne délimite les éléments premiers : l’eau, le feu, l'air et la terre. J'aperçois tout à coup une silhouette déformée mais familière, un ami plébéien.

Par miracle, je me stabilise un bref instant à son niveau. Il ne me reconnaît sans doute pas, mais sans réfléchir, il saute près de moi. Heureusement qu'il n'a pas hésité car un brusque saute du sol nous projette brusquement vers les cieux. Je maudis les manœuvres d'obscurantisme de ma caste qui m'empêche de disposer d'un engin réellement aérien, au lieu d'une rudimentaire plate-forme incapable de s'élever de plus d'une dizaine de mètres.

Mon camarade parait soulagé un instant et ferme les yeux, il sait qu'il ne peut m'être d'aucun secours dans la manœuvre

 

Il n'est qu'un plébéien. La paix détend malgré les secousses, puis il rouvre les yeux, pour contempler avec une nouvelle panique la tourmente à travers laquelle je le conduis.

 

Enfin nous arrivons au palais, mais je ne m'y pose pas, je lance mon appareil directement vers les hangars. La grande battisse trônant sur la colline ne résistera plus longtemps. De part sa taille même, elle est soumit à d'énormes tensions contraires.

 

Le plan d'évacuation des patriciens de Giorph a depuis toujours été prévu, plus pour échapper à une hypothétique révolte qu'à un cataclysme. Aussi je n'ai aucune peine à rejoindre le vaisseau où je suis affecté.

 

Il est déjà sur l'aire de départ, et à mon approche le sas d'une soute s'ouvre. Malgré les dimensions de l'entrée j'ai bien du mal à y faire entrer ma soucoupe, car l'esplanade géante où aucune aspérité n'arrête le vent est le siège d'un véritable ouragan.

 

J'y parviens cependant, et je me laisse guider par les installations automatiques du spationef.

 

Je n'ai pas de poste précis à bord, aussi entraînant mon compagnon de fuite je cours vers les écrans extérieurs. Là nous pouvons suivre  à notre gré le spectacle du sinistre.

A bord, les installations scientifiques ne sont pas limitées, et tout est équipé suivant les derniers progrès techniques, car ils sont propriété exclusive des patriciens.

 

Aussi ne suis-je pas étonné de voir arriver vers nous une sorte de réfrigérateur ambulant appelé robot, et dont la présence serait impensable en ville.

Sa bande magnétique doit se dérouler au moins pour la millième fois, car c'est avec quelques parasites qu'il s'adresse à nous:

"BIENVEZZNU A BORD,MAITRES, ZZZZ,VEUILLEZ DECLINElt VOS IDENTITES S'IL VOUS PLAIT".

La requête me semble justifiée, elle permettra de décoller le plus rapidement possible aussitôt l'effectif au complet.

- Je suis Zagg, un patricien sans affectations encore et voici mon ami plébéien Sarre "ENREGISTRE,MERZZZ,VEILLEZ A VOUS REFUGIER DANS VOZZ CABINES AVANT LE DECOLLAGE QUI AURA LIEU

SANS ATTZZZZ;~ LES RETARZDATAIR~~;S 'DANZ DEUX HEURES

Là je suis soufflé, le facteur temps doit avoir une importance capitale puisque le vaisseau partira, même incomplet.

C'est seulement en allumant le téléviseur que je comprends. Il montre une vue de l'aire de départ. Des dizaines de transports attendent.

Mais plusieurs gisent, couchés, sans doute renversés par le vent. Sans cesse la foudre vient s'abattre sur le museau des spationefs, et certain n'ont pu absorber l'énergie et ont explosé.

Les transports sont des astronefs allongés d'une centaine de mètres, relativement plats sur une face vaguement cylindriques sur l'autre.

Ordinairement le décollage s'effectue ventre au sol, mais là les appareils devront s'éloigner le plus rapidement possible dans l'air pour ne pas être plaqué soudain par une rafale descendante, aussi les astronefs ont été dressés sur leurs postérieurs comme de vulgaires fusées.

Ainsi ils fendront l'air sous le meilleur angle d'ascension possible.

Mais ce choix comporte également des dangers. J'en ai la preuve devant mes yeux:

Le système d'arrimage est tout juste suffisant devant la violence du vent, et elle empire de minute en minute.

Oui je comprends maintenant l'urgence du départ.

Ce n'est plus une retraite prudente, mais une fuite en catastrophe.

Par malheur, ce sol rendu mouvant par d'incessante: secousses telluriques n'améliorent pas notre stabilité.

 

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Comme s'ils s'estimaient encore pas assez proche du fauteur de catastrophes, d'autres hommes se sont hissés sur les montagnes.

Des techniciens avertis par les savants, alliés à des mercenaires desespérados.

- De là-haut, ils doivent contempler un magnifique spectacle fait d'or et de feu.

- Hum! Tout doit être noyé dans la fumée, Néron s'était déjà heurté à ce genre d'effet secondaire gâchant toute richesse artistique.

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Warr le militaire et Arra le vieux technicien n'ont pu s’empêcher de quitter leur abri pour assister aux derniers soubresauts de Giorph la moribonde.

Zamir, le fidèle lieutenant de warr, les a suivit discrètement.

Et maintenant leur curiosité à tous trois est satisfaite.

Cramponnés aux rochers, ils ne parviennent pas à détacher leurs yeux du spectacle hallucinant.

Pour eux, tout en bas appartient à la tempête.

 

Les collines autrefois verdoyantes leurs paraissent toutes aussi fluentes que les noires nuages parmi lesquels ils les confondent. 

En haut la scène est tout aussi fantastique. 

Les trois astres rivalisent de menaces, la lune branlante, le soleil millénaire, et l’intrus flamboyant.

Et pourtant malgré ce trio, les trois hommes ont plutôt l'impression d'être en pleine nuit.

 

Peut-être à cause d'un deuxième rideau noir qui fond sur le premier et qui voile le jour absent.

- Il semble qu'ils aient tout autant d'ennuis nous avec les tremblements de Terre.

 

- Peut-être même plus, Arra, et j'ai plus confiance en la solidité de nos cavernes qui pénètrent profondément dans la montagne que dans leurs plaint

- Et tu as sans doute raison, Warr, puisque nos savants dans leur infinie sagesse nous ont conseillé de gagner ces hauts plateaux montagneux avant de disparaître assez mystérieusement.

 

-         Hum, chef, j'ai l'impression que ça empire, nous devrions rejoindre les grottes en attendant la fin.

-         De quelle fin veux-tu parler compagnon?

-         Hé bien, de l'arrêt du déchaînement actuel des éléments, y en aurait-il une autre?

-         Bien sur que non.

-         Mais si, mais si, amis, il y en a une autre, les savants ne m'ont jamais certifié que le choc de plein fouet entre Gioph et l'intrus céleste nous serait épargné, l'involontaire prophétie de Zamir s'applique peut-être tout simplement à notre anéantissement.

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- D'autres, par contre, ont préféré chercher le salut sous les mers.

 

-         Tu fais sans doute allusion à Atlantis II, la cité sous-marine, qualifiée naguère de "forteresse rebelle" par les patriciens?

 

-         En effet elle est maintenant oubliée de tous ou presque.

 

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-          Dior! Notre ville est la proie des secousses

-          Crois-tu que je ne les ressente pas ici même.

-          Stix, mon jeune ami, mais rassure-toi, elles sont relativement faibles en regard de celles subies en surface. Tu as beaucoup étudié depuis ton arrivée parmi nous, imagine tous les bouleversements que subit notre vieux continent.

-          Vous avez raison maître savant, il est d'ailleurs dommage de ne pas avoir prévu quelques caméras en surface pour observer le cataclysme, ici nous sommes sourds et aveugles.

-          Erreur collègue, nous en avons disposé, trop peu à notre goût, mais tu sais qu'il a été fort difficile de réunir le matériel, surtout électronique, le gouvernement n'en faisait guère grand usage, et le peuple ne devait à aucun prix en disposer, ils auraient pu évoluer en dehors de tout contrôle. Malheureusement, elles ont toutes été détruites dès le début.

-          Ne craignez-vous pas maître de grands mouvements sous-marins?

-     Non, ils se produiront surtout en surface et je nous crois situés assez profondément pour être à l'abri. De toutes façons, notre écran énergétique nous protégera tout comme il nous a protégé des missiles des patriciens lors de la grande attaque qu'ils ont lancé quand ils nous prenaient pour de dangereux agitateurs.

 

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Created by Readiris, Copyright IRIS 2005
Created by Readiris, Copyright IRIS 2005

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- Quand va-t-on enfin se décider à décoller?

C'est la question que tous se posent maintenant.

 

Et nous sommes nombreux, agglutinés aux téléviseurs, contemplant notre cauchemar commun.

 

"La nef amirale prendra son envol dans deux minute et quarante cinq secondes à top! Veuillez vous retirer dans vos cabines et vous attacher solidement sur vos couchettes, des conditions atmosphériques mauvaises rendront impossible toute stabilité interne".

 

Ce message sans doute transmis dans tout le vaisseau m'arrache un rire nerveux. Le délicat euphémisme relatif à la météo s'accorderait tout juste à une petite brise pour un voyage marin.

Puis j'en saisis toutes les implications.

 

Le souverain incontesté est certainement à bord, Rhâa est avec nous. C'est à cause de lui que nous en sommes là.

 

S'il avait prit au sérieux les avertissements des scientifiques, il eût sans doute réussi à sauver tout son peuple en construisant en hâte une armada d'astronefs. Malgré toute la terreur que m'inspire notre situation je ne peux me défendre d'être envahit de ressentiments.

 

Mais j'ai perdu du temps avec toutes ces réflexions, et je reste seul, tous les autres se sont rués hors de la coursive, et seul l'ami que j' ai sauvé m'attend un peu plus loin, indécis.

Je le rejoins, un demi-sourire sur les lèvres.

-         Alors Sarr, tu es encore là ?

 S'il a de nombreux défauts l'un d'eux est bien la franchise, il m'en donne une fois de plus la preuve dans sa réponse:

-         Oh, ne serait ma qualité de plébéien, je me serais enfuit tout comme un autre, maitre Zagg, mais n'étant pas patricien nulle place ne m'est destinée sur ce navire magique, et j'ignore où se trouve votre cabine.

Je pars d'un rire sincère.

-         Allez, suis-moi et cesse ton baratin! Que signifient ces maîtres et autres fatras? Pas de ça entre nous veux-tu. Et puis je t'ai répété cent fois que rien n'était magique, ce n'est que de la science accommodée à la sauce technique!

Mais je n'ai pas réussi à le dérider, je prends soudain conscience moi-même, et c'est une course éperdue à travers un labyrinthe compliqué que je connais heureusement comme ma poche.

Ah, voila ma cabine, un réduit exigu avec six couchettes superposées dont deux seulement sont occupées. J'en désigne une à Sarr tout en m’allongeant sur la couche inconfortable.

Il me reste trente secondes pour me sangler soigneusement grâce aux attaches prévues à cet effet. Je regarde ensuite autour de moi.

Barr m'adresse un pauvre sourire que je lui retourne sans conviction.

Mes deux autres compagnons sont des anciens empâtés qui ont préféré s'endormir à l'aide de drogues plutôt que d'affronter la réalité en face. Il y a quelque chose de pourri dans la noblesse Atlante.

Pour moi, pas question de manquer l’évènement, je veux que son souvenir se grave à tout jamais dans ma mémoire, si toutefois il me reste des jours pour l'évoquer.

Aussi, je branche le petit téléviseur qui domine ma couchette, l'orientant face à mes yeux.

Je retrouve la scène déjà connue de l’astroport de Giorph, mais bientôt un déchirement flamboyant balaye tout. Le carburant chimique jette ses flammes par les tuyères. Les pilotes n'usent qu'avec prudence des compensateurs de gravité, les éléments sont trop déchaînés pour qu'ils osent trop affaiblir l'inertie des transports.

Ce n'est la puissante et régulière ascension habituelle sur ce type d'astronef. Notre spationef 'est emmené tel un fétu de paille.

Les images de mon téléviseur tournent sans arrêt. Je me sens tiraillé de tout cotés, et je sais que sans mon harnais de sécurité j'irai m'écraser sur l'une des cloisons de la cabine.

Tout se brouille en moi.

Je vais perdre connaissance.

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Je suis piégé dans un étau dont les mâchoires se resserrent peu à peu.

Je m'enfonce tout doucement dans les sables mouvants jusqu'aux chevilles, au-dessus du genou, plus haut que le ventre, au-delà du menton,

de ma bouche.

C'est la mort elle-même, la vieille femme mythologique qui m'attire vers le néant.

Mais je résiste et soudain l'étau se desserre, ma respiration devient plus libre, et j'émerge à la conscience.

Le spectacle retransmit par mon vidéo est la première image que ma rétine reçoit et aussitôt je ne peux plus en détacher mes yeux.

Nous avons gagné en altitude, et c'est pourquoi nous échappons un peu aux perturbations. Englobant tout le continent, le tableau est grandiose. Je ne vois plus qu'une surface gondolée et mouvante de ce qui était ma patrie.

Choquante en regard du cataclysme, une voix humaine tranche tout à coup sur les grondements sourds et lointains de Giorph et les gémissements de la coque:

 

"Atlantes, nous sommes sauvés ! .Et ne croyez pas notre fuite égoïste et vaine, nous n'abandonnons nos frères, j'ai la joie de vous annoncer que le corps céleste fautif de ce désastre s'éloigne maintenant de Giorph, notre planète a résisté, il y aura beaucoup de survivants, et nous pourrons les secourir!"

Je n'ai pas quitter l'écran des yeux, quel est cette tache sombre qui, issue des océans envahit notre continent?

"Oui, notre glorieux destin sera de.."

Sa voix s'affaisse en un gargouillis informe. Quel espoir pourrait en effet subsister avec ce raz de marée qui balaie tout en bas!

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Je trouve que sa vision d'ensemble est bien restrictive. Mu n'est pas le seul continent recouvert par les flots.

-         Non, mais lui seul abritait leur civilisation.

-         La civilisation, n'oublie pas qu'il n'y en a aucune autre.

-         Au fait l'astre étranger s'éloigne-t-il vraiment ?

-         Je ne sais pas et les patriciens non plus, ce communiqué n'était qu'une simple manœuvre politique. Malheureusement pour son auteur, elle n'a pas résisté à l'analyse.

-         C'est scandaleux!

-         Non, c'est humain.

-         C’est la même chose

-         Comment cela?

-         En période de crise, l'homme non compétent qui doit laisser à d'autres le soin de sauver leur peau travaille pour tromper son angoisse.

-         Ainsi, le musicien jouerait de son instrument le peintre…

- …barbouillerait avec application, j'ai compris, oui mais, et le politicien?

-         Il intrigue bien sûr!

 

 

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SOudain, quelque chose reparaît entre les montagnes qui bordent Mu.

Tel un géant qui se redresse malgré les milliers de nains qui le recouvrent pour l'étouffer, notre vieux continent émerge des flots.

En un instant, il rejette la mer dans son lit, et malgré toutes ses blessures qui déchirent son corps fatigué, il semble défier l'univers.

Mais ce n'était que le dernier sursaut du guerrier moribond, tout à coup il s'abîme pour toujours dans l'océan comme s'il s'effondrait sous son propre poids.

Ce n'est plus comme la première fois, l'immersion sous une vague gigantesque planétaire, mais le navire qui coule, parce que sa coque est percée.

Mon dieu! Pourquoi ne reparait-il pas?.

CE N'EST PAS POSSIBLE!!!

La science l'a démontré! Il faut plusieurs milliers d'années pour changer un détail sur la carte, et des millions pour qu'un océan prenne la place d'une étendue terrestre.

Un continent ne peut ainsi s’affaisser en quelques minutes!

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-         J'ai l'impression que les rescapés auront quelques postulats à modifier.

-         S'il y a des survivants

-         Bien sûr.

-         Et nos savants d'atlantis II, comment se portent-ils ?

-         Fort bien pour l'instant.

-         Mais ils ont commis une petite erreur.

*****

-         Dior, je suis malade, je me sens bizarrement léger, tout bouge

-         Ne crains rien Stix mon jeune ami, tes sens ne t'abusent pas, si nous mourons comme j'en ai peur, ce sera du moins en bonne santé.

Stix frisonne, son vieux maître a terminé sa phrase dans un rire légèrement hystérique, si lui aussi se met à craquer.

-         Les savants ne sont pas omniscients, loin de là, et nous avons commis une impardonnable faute.

-         Que, se passe-t-il?

-         Le continent s'effondre!

-         Que nous importe? Nous sommes sous les eaux et non sur terre.

-         C' est ce qui te, trompe, Mu ne s'arrête pas où la mer commence, il s'enfonce très loin au large. Seules les grandes fosses sous-marines le limite actuellement, puisqu'il y a eut vraisemblablement cassure. Nous sommes trop près des côtes, il nous entraîne dans sa chute!

-         Que pouvons-nous faire?

-         Rien, il n'y a qu'à espérer que notre cité résistera au choc.

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-         Le destructeur s’éloigne, Giorph se calme.

-         Sa face cependant a changé.

-         De nouveaux océans.

-         De nouveaux continents.

-         Y-a-t-il des survivants?

-         Bien sûr, cependant…

-         Cependant?

-         Ce ne sont que des plébéiens, sans savoir, sans matériel, sans chefs et sans espoir, Ils retourneront vite à la barbarie.

-         Ils vont même régresser physiquement.

-         Une nouvelle préhistoire commence sur Giorph.

-         Quelques communautés découvriront sans doute par hasard dans quelque grotte profonde des miettes du savoir perdu. Il en naîtra une  ou deux civilisations éphémères qui étonneront les mondes futurs, par quelques réalisations techniques inexplicables, ou plus extraordinaire encore, par une vision physique exacte de l'univers. Mais dans l'ensemble, de la formidable civilisation de Mu ne subsistera qu'une légende sans crédit.

-         C'est tout?

-         Pas tout à fait, les montagnes bordant Mu ont survécu aux plaines.

 

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Warr et Arra observent sans un mot l'horizon, du haut de leur montagne.

A l'Ouest, leur patrie à fait place au bleu-vert infini de la mer.

Par contre, à l'Est s'étend un nouveau continent, tout jeune, vierge, nettoyé par la mer.

Zamir, le soldat au cœur dur qui a connu bien des campagnes se sent bizarrement ému, comme un adolescent.

-         Nous descendrons bientôt pour faire renaître une nouvelle civilisation.

Warr et Arra sourient à cette évocation, et pour un instant, ils rêvent eux aussi à cette utopie. Mais bien vite leurs pensées s'égarent:

Les deux hommes pensent :

"Il faut à tous prix que nous maintenions ces civils sous notre joug, j'en parlerai dès notre retour aux hommes. Sinon, ces techniciens auraient vite fait de profiter de notre ignorance pour nous dominer"

"Nous devons conserver le peu de savoir que nous possédons pour nous même, c'est vital, sinon n'ayant plus besoin de nous, Warr et ses mercenaire nous liquideront. Malheureusement, ils ont la force pour eux, Il  faut nous incliner mais qu'ils restent toujours dépendant de nous,.

ainsi le statu-quo se prolongera."

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-         Et alors?

-         Les rares machines sont précieusement conservées par une élite, car elles ne pourront jamais être remplacées.

-         Une élite de techniciens je suppose.

-         Plus vraiment, disons un groupe d'hommes qui utilisent des machines qu’ils ne comprennent plus.

-         N'y a-t-il aucune opposition ?

-         On ne se révolte pas contre les dieux et nos aventuriers se sont sacré prêtres, le peuple est abêti dans l’adoration. Il vénèrent un certain Rha, parti il y a très longtemps vers les cieux, et qui reviendrait un jour sauver ses enfants, c'est le dieu du soleil.

-         Oui c'est assez normal, mais les patriciens ne sont jamais revenus n'est-ce pas ?

 

-         Non.

-         Et qu'est devenue cette communauté ?

-         Les machines sont retournées à la poussière, il ne reste plus que les merveilleuses réalisation de leur travail, c'est maintenant une véritable civilisation assez pacifique.

-         C’est dû à l'antique hantise, des techniciens envers les mercenaires, je suppose.

-         Assez raffinée sur le plan de la pensée pure.

-         Un empire un peu mystique, mais civilisé.

-         Bref, la proie idéale pour une bande de barbares possédant les premiers rudiment/de la technologie.

-         Parfaitement.

-         A propos, qu'est-il advenu de ces sages qui s'étaient réfugiés dans les hauteurs de l'Himalaya, à la pointe ouest du défunt Mu.

-         Ils ont développé une communauté vouée aux recherches de l'esprit.

-         Bref, philosophie, sagesse, autocontrôles, tout y passe.

-         Oui, tout cela et le reste. Ce ne sont que des noms sur des disciplines bien trop arbitrairement séparées. Je crois qu'ils ont obtenu d'incroyables résultats sur les sciences parapsychologiques.

-         Para quoi?

-         Parapsychologique! Je t'avais prévenu, toute étiquette n'est qu'un mensonge. Je parlais de télépathie, télékinésie, téléportation, etc.

-         Tu veux dire que les hommes ne sont pas tous télépathes?

-         Non, mais ça viendra.

-         Les pauvres.

 

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-         Je voulais que tu sois le premier prévenu, mon fils. La croûte terrestre s'est enfin stabilisée Nos sismographes enregistrent encore de nombreux tremblements partout des chaînes de volcans crachent leurs feux d'enfer, mais nous ne descendrons pas plus pas.

-         La menace s'est-elle écarté Dior?

-         Bien sûr, Stix, en surface la vie va pouvoir renaître.

-         Et nous pourrons l'assister.

-         Je crains que non, jeune disciple impossible.

 

La pression est trop forte.

- Mais notre cité a résisté, et nous ne sommes pas écrasés.

-         C’est uniquement grâce à notre champ d'énergie. Il soutient tout un océan. Tout atlante qui quitterait sa protection mourrait à l'instant.

-         Tiendra-t-il?

-         Là, il n'y a aucune crainte à avoir tant qu'il sera alimenté Atlantis II vivra.

-         Mais c'est terrible, comment trouver cette énergie, si nous ne pouvons sortir.

-         Espérons que le sol  en recèle, quelque soit sa forme.

-         La probabilité est faible.

-         Tu raisonnes maintenant en froid scientifique, Stix, mais tu as raison. Sinon nous enverrons des engins automatiques à l'extérieur.

-         Des robots?

-         En quelque sorte. Je vois que tu as bien assimilé ton programme d'automatisme. Théoriquement, n'ayant pas de pression interne à entretenir, ce sera sans doute possible de les utiliser.

-         Mais et la nourriture ?

-         Nous avons repéré quelques poissons des profondeurs, il ne sera pas facile de les chasser, leur peau est plus dure que la coque d'un sous-mari Aussi je compte surtout sur les poissons que nous avons entraîné avec nous sous notre dôme, nous pourrons en faire l'élevage assez aisément.

L'eau ne manque pas, il suffit de la traiter pour avoir à la fois boisson, air, et sel.

-         Peut-être même parviendrons-nous un jour à miniaturiser assez notre générateur de champs pour le monter sur un sous-marin.

-         Hum! Tu n'imagine pas tout les problèmes qui s'y opposent, mais je souhaite sans trop y croire qu'un jour ton idée se réalise.

 

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-         Vite! Raconte-moi, je brûle de connaître le sort de ces courageux Atlantes.

-         Je n'en sais strictement rien. J'ai une vision universelle qui dépasse largement les étoiles mais à cette profondeur ils échappent totalement à ma perception, je ne peux que constater qu’Ils ne sont jamais remontés à la surface, ou alors ils l'ont fait sans laisser de traces.

-         Tu mens, tu sais très bien ce qui en est, dis-le.

-         A quoi bon, tu le sais aussi.

-         Bon, je crois que l'histoire est achevée, on signe et on s'en va?

-         Hé! Attends, tu oublie les patriciens!

-         Bon dieu! C'est vrai, où donc les ai-je laissé

-         Ceux-là? Voyons! Ah oui, mais qu'ils sont loin derrière!

-         S'il vous plait, le temps! Retour en arrière à la vitesse de deux millénaires par seconde. Attention, stop! .. Merci!

 

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Je reste longtemps ainsi prostré, incapable de me ressaisir.

Quand je sors enfin de ma passivité, Giorph n'est plus qu'une petite bille bleuâtre sur mon écran, même si ça et là, elle jette encore quelques éclairs.

J'entends un gémissement à ma droite.

Le spectacle qui s'offre à mes yeux est horrible. Un des harnais n'a pas tenu peut-être son propriétaire n'a-t-il pas suffisamment bien fixé ses sangles. Son pauvre corps est allé se fracasser plusieurs fois dans la cabine, et il y a des traces sanglantes un peu partout, curieux que je ne l'ai pas remarqué plus avant.

Et pourtant je ne me sens pas atteint, j'ai vu mourir ma patrie en quelques minutes, et j'ai déjà dépassé le seuil limite d’émotivité.

Je regarde un instant le cadavre désarticulé, qui fut jadis un patricien respecté et puissant,

Jadis, c'est loin tout ça.

Ca n'a pas l'air d'être le cas pour mon ami Saar dont le visage est exsangue et les yeux exorbités. Je me sens comme soul. Je me mets soudain à rire sans pouvoir me contrôler Mon ami me regarde alors, encore plus épouvanté.

 

Je suis soudain comme dégrisé, et si je suis encore comme détaché de tout, je ne saisi plus du tout le coté comique de la situation pour éviter d'avoir à réfléchir, je me détache.

Ma voix est rauque quand je demande:

- Rien de cassé, Sarr?

- Rien Zagg.

Il parait mieux, mais a quelques difficulté à parler. Je me penche sur l'autre patricien.

Il n'a rien de cassé mais dort toujours profondément, la drogue agit toujours.

Je me demande si je préfèrerai être conscient ou non..e crois que j'aimerai voir la mort en face .Réflexion idiote, car en définitive, qu'est -ce que ça change l

Je m'approche de l'interphone,

"Allo! Service médical? Il y a un cadavre à enlever à la cabine numéro 217"

La froideur de la réponse me surprend:

-         Ne pouviez-vous pas l'éjecter vous-même dans l'espace?

-         C'est que de toutes façons, il y a aussi beaucoup à nettoyer.

-         Je vois, on vous envoie le service entretien.

Sans attendre j'ouvre la porte coulissante et je sors. Je suis dégoûté de tout.

Saar s'empresse de me suivre.

-         Eh! Attends-moi! Où vas-tu?

Je ne prends même pas la peine de lui répondre.

Coursive après coursiye, nous débouchons sur une passerelle, dont l'une des parois est transparente. Là, je m'arrête et m'appuis sur la rampe.

Pour la première fois j'éprouve un réconfort. J'oublie un instant toutes les récentes horreurs pour contempler un spectacle qui me fascine:

La nuit éternelle de l'espace.

Ses millions d'étoiles, autant de magnifiques et dérisoires clartés qui tentent vainement d'éclairer les mystères de l'univers. Le flou troublant introduit par la matière intra système et interstellaire.

Et de l'autre coté, le soleil, astre moyen, aussi faible que les autres, mais qui règne en maître sur son système, ce soleil sans lequel toute vie est impossible, ce soleil, à l'origine de toutes les énergies.

-         Mais qu'allons-nous devenir?

-         Hein? Quoi? Que dis-tu? Ah oui, et bien pour le savoir, tu n'as qu'à me suivre, allons à la salle de réunion, Rhâa finira bien par y faire une petite réunion, il adore ça notre petit Rhâa.

Saar ne comprend pas la lueur qui brille dans mes yeux, et il est effrayé par mes paroles.

 

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La salle est comble, tous ont eut la même idée.

Et pourtant, elle est étrangement calme, tout le monde effondré attend.

Je crois bien que si rien ne venait briser leur apathie, ils se laisseraient mourir sans un geste.

C'est un vaste amphithéâtre d’une centaine de places seulement. Mais c'est sans importance, nous regarderons la scène, plus souvent par le téléviseur que directement. Et tous, sur les autres vaisseaux feront de même, même si nous aurons le privilège de voir Rhâa en personne au centre du cirque au lieu d'une image tridi.

Une image tridi. Je pense déjà à ces mots en habitué, alors qu'ils étaient encore tabous la veille.

J'étudie l'appareil devant moi. C'est plus un visiophone qu'un téléviseur puisqu'il doit en principe me permettre de prendre la parole. Il suffit d'appuyer sur 'un bouton jaune et si le vénéré maître y consent, des milliers d'Atlantes vous écoutent.

J'aimerai pouvoir y apporter quelques modifications. Je ne suis ni savant ni technicien, mais les machines m'ont toujours intéressées, et j'ai quelques notions.

Sous l'œil effaré de Sarr, je sors quelques outils que j'ai pu dérober en traversant un magasin que nous avons traversé en venant. Tous étaient trop bouleversés pour me demander des explications.

Il s'agit maintenant de trouver deux fils, oui, mais lesquels?

Rhâa entre, majestueux, il se considère manifestement comme l'empereur de MU.

Il marche lentement, comme s'il jouait une mauvaise dramatique, mais je devine que la tristesse qui burine son visage qui se découpe en gros plan sur l'écran est jouée.

C'est un homme de hauteur moyenne, d'une cinquantaine d'année, assez ventripotent.

Il porte sa toge de noble des grandes cérémonies. Et le soleil qui est son emblème est brodé dessus.

D'une voix grave il commence :

-         Atlantes! C'est un rude coup qui a touché notre civilisation! Mais elle n'est pas morte pour autant, consolez-vous en vous répétant que la partie la plus importante de notre société, vous tous ici, est sauvée grâce à la clairvoyance de vos chefs. Nous aurions aimé repartir aussitôt à la recherche d'éventuels survivants, mais il ne peut y en avoir. Oui? L'un d'entre vous désire prendre la parole

-          Merci très vénéré Rhâa, mais est-on certain qu'il n'y ait aucun rescapé. Je crois que même en face d'une telle certitude, nous devrions

-         Absolument certains, d’ailleurs il n'y a et ne pourra jamais plus avoir de vie sur Giorph, nous l 'affirmons! Et maintenant la parole est à notre très estimé compatriote Stir. Je m'excuse de pouvoir donner l'antenne à tous mais devant un tel nombre, il m'a fallut choisir

 

 

C'est bien ce que je craignais, il a coupé aussitôt l'opposant, et pour ne plus prendre de risque, ne laissera plus s'exprimer que ses partisans. Et pendant l'insipide éloge du toutou Stir envers son maître, j'emplois un surcroît d'énergie dans mes recherches.

-         Il est certain, cher Rhâa, que sans vous, nous étions perdus, nous ne vous serons jamais assez reconnaissants pour vos bienfaits. Acceptez l'hommage unanime de tous les Atlantes. Continuez longtemps à nous gouverner.

Voilà, j'y suis presque, ça y est, je peux faire entendre ma voix.

-         Nous attendrons en toute confiance les mesures que vous choisirez.

-         Merci Stir,  je vous ferais bientôt connaître ma décision. Sachez cependant que vue la situation, je vais devoir instaurer une sorte d'état li d'exception, qui vous le comprenez…

-         Non moi, je ne comprends pas, et je n'accepte pas. Ecoutez bien mes paroles, Atlantes, car je ne pourrais sans doute pas les répéter.

 

J'accuse cet  homme, Rhâa de traîtrise. et de crime envers la nation Mu. Les savants depuis longtemps convaincus du danger l'avait prévenu mais il ne les a pas crû, même lorsque l'astre vengeur clamait haut dans le ciel son arrivée, il a préféré sacrifier le peuple Atlante, de peur de déranger ses habitudes, il l'a même empêché de se réfugier sur les hauteurs.

Ce dictateur vous mènera à votre perte comme il a poussé Mu à la sienne. Il vous asservira puisqu'il ne peut plus choisir ses esclaves dans le réservoir populaire.

Neutralisez les séides de Rhâa, et venez à notre secours, car le tyran a réuni ses plus chauds partisans ici, et le vaisseau amiral restera entre ses mains. Si un trop petit nombre de.spationefs se révolte, prenez le large et tachez de fonder quelque part une nouvelle civilisation, libre celle ci.

- AUX ARMES, ATLANTES! VIVE LA LIBER

 

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Rhâa pendant ce temps n'était pas resté inactif. Au début, il est vrai il avait été trop stupéfait pour réagir.

Mais très 'vite, avant même de réfléchir, il se jeta sur les commandes pour couper les circuits. Vainement, l'agitateur parlait toujours. Il chercha alors à localiser l'opposant.

Il obtint enfin le numéro de poste qu’occupait le traître. Il envoya une escouade et attendit tout en détaillant l'inconnu.

C'était un jeune homme d'une vingtaine d'années, récemment durci, assez grand, svelte, un peu trop même, ce ne devait certes pas être un sportif.

Des cheveux foncés et courts, un visage volontaire, une fière allure, oui, mais pas un combattant.

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- AUX ARMES, ATLANTES! VIVE LA LIBER

Soudain, deux hommes surgissent derrière moi et me saisissent. Mais j'ai la surprise de voir Sarr le timoré se jeter sur eux, en voilà un  au moins que j'ai convaincu! J'aurai sans doute tous les plébéiens avec moi, malheureusement, il n’y en a guère.

Mais je sais que contre ces deux professionnels du combat, ces deux gorilles, je n'ai aucune chance, d'autant plus que d'autres arrivent en renfort.

Non pauvre ami ne pèse guère lourd, et ils se débarrassent de lui d'une chiquenaude'."

Je dois avouer que j'ai toujours éprouvé un penchant pour les poses mélodramatiques, pour les interprétations excessives dans les pièces de théâtre.

Aussi ne faut-il pas s'étonner si, sautant par dessus le vidéo, puis de rangées en rangées par dessus la tête de mes compatriotes trop effrayés pour agir, je m'écrie:

- A mort le dictateur!

En descendant ainsi les gradins, j'ai l'impression de voler. Je ne suis plus très loin de Rhâa et il fixe son regard vers moi. Lui n'a pas ,peur, il me parait plutôt amusé.

Il est tout près. Je vais l'atteindre. Je… La nuit..

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-         Cependant tous les jeunes t'on suivit si bien qu'ils tiennent plus de vaisseaux que moi. Seulement nous n'avons prévu aucune arme extérieure sur ces spationefs, il leur faudra nous vaincre à l'abordage et il y aura du sang, alors…

un serviteur entre, humble jusqu’à l’effacement.

-         Oui? Qu'est-ce que c'est ? Ah! Le café, bien, posez-le là merci. Désirez-vous une tasse de café avant de mourir, Zagg? Que fais-tu à rester là  ? Va-t-en!

-         Je suis Plébéien maître Rhâa, depuis trente ans votre fidèle serviteur.

 

L'homme est âgé de plus de soixante ans, il porte l'humble drap de sa caste. Je suis aussi intrigué que Rhâa.

-         Oui je le sais bien Zirr sinon mes gardes ne t'auraient pas laissé entrer, mais que veux-tu ?

-         Simplement vous dire un mot maître.

-         Bien, dis vite, tu vois que je suis occupé, quelle insolence!

-         Je n'abuserai pas de votre temps maître.

 

-         Voilà. Ma femme et mon fils sont restés sur Giorph.

 

Il a dit cette phrase sur le même ton d'humilité et en même temps il sort de dessous sa toge une arme et tire!

Un rayon aveuglant frappe la poitrine du dictateur, il a le temps de jeté un regard stupéfait sur cet humain insignifiant dont il n'a jamais tenu compte avant de mourir, et de tomber la poitrine totalement carbonisée.

Avec les mêmes gestes soignés qu'il réalise depuis trente ans, il ramasse le plateau, et ressort, toujours très calme.

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Je me tiens maintenant au centre de l'auditorium.

Vais-je, comme Rhâa voir un contestataire vengeur se dresser contre moi, mais non, je rêve.

-         Amis, je déclare l'abolition de toute dictature. Vous choisirez vous-même vos chef. Je vous propose maintenant de profiter de cette réunion pour décider de notre avenir.

 

Giorph n'est plus un monde pour les hommes, de plus aucune autre planète du système n'est habitable, il nous faut maintenant nous tourner vers les autres étoiles.

-         Mais ne pouvant dépasser la vitesse de la lumière tout voyage dure une éternité

-         Mais et l'antigravité?

-         Elle ne nous permettra que de frôler très rapidement cette limite, pas de la franchir.

-         Je suis Zorg, un des rares savants de cette expédition, il existe une solution, l'hibernation. Le temps du voyage n'existera plus pour nous, nous dormirons sans vieillir, mais il y a un inconvénient. Gioph et tout le reste de l'univers lui vieilliront.

Là j'interviens:

-         Que nous importe Giorph, tout notre monde est maintenant sur ces vaisseaux. Mais n'y a-t-il aucun risque d'accident?

-         Non surtout qu'à la vitesse où nous irons le temps sera très ralentit. Nous ne compterons en fait que fort peu d'année en hibernation.

-         Bon alors voici de que je propose: Tout le voyage s'effectuera automatiquement. Et comme les planètes habitées risquent d'être fort rares, seule une patrouille sera éveillée pour explorer un système, chacune à tour de rôle. Ainsi nous aurons de bonnes chances de trouver une nouvelle patrie. Je mets le projet aux voix.

 

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-         Réussiront-ils ?

-         Bien sur! Mais quelques années ont été nécessaires pour tout préparer, tout organiser, ils ont fait le premier voyage éveillé jusqu'au système du centaure, sans succès hélas. Et dans le suivant, il y a eut une petite erreur, ils ne se sont pas réveillés et ne savent plus où ils sont.

-         Quelle importance?

-         C'est ce qu'ils ont déduit mais il n'y aura plus d'erreur, tout est au point.

-         Au fait, la mort de Giorph, c'était une blague!

-         Evidemment, Rhâa, qui avait trop la frousse pour revenir tout de suite a inventé cette fable pour être obéit.

-         Alors l'histoire est enfin achevée.

-         Non de nouvelles civilisations vont naître sur Giorph, pardon, la Terre.

-         Oui mais pour les Atlantes?

-         Elle commence aussi avec toute une série d'aventures, rencontres avec d'autres formes de vies

-         Raconte!

-         Non, c'est une autre histoire, un autre fragment.

-         Autre société.

-         Autre héros.

-         Autre problème

-         Autre solution.

-         Tout de même, celle-Ia était particulière.

-         En quoi?

-         Ce n'est pas tous les siècles que naît une apocalypse.

-         Bof!

-         Blasé va!

-         Révolutionnaire! Anarchiste!

-         Réactionnaire! Eplucheur de légumes.

-         Moustique!

-         Espèce d'humanoïde!

-         OH! Retire ça tout de suite.

-         Excuse moi, mes paroles ont dépassé ma pensée.

 

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